Lors d’un mini-sommet organisé mercredi à Washington, l’administration Trump a reçu les chefs d’État de cinq pays africains – Liberia, Sénégal, Mauritanie, Guinée-Bissau et Gabon – pour un déjeuner de travail officiellement consacré au commerce, à l’investissement et à la sécurité. Mais en marge des discussions, les États-Unis ont proposé à ces pays d’accueillir sur leur sol des migrants expulsés des États-Unis mais non reconnus par leurs pays d’origine.
Selon le Wall Street Journal, cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large visant à externaliser la gestion des flux migratoires, à l’image de récentes politiques menées par certains pays européens. En échange, Washington entend séduire ses partenaires africains par la promesse d’investissements privéset d’un accès privilégié .
Donald Trump, fidèle à son style direct, a salué les pays invités comme des « endroits dynamiques avec des terres de très grande valeur, de super minerais, des grandes réserves de pétrole, et des gens merveilleux ». Il a plaidé pour une implication plus forte des États-Unis en Afrique, face à la montée en puissance de la Chine et de la Russie, désormais omniprésentes dans de nombreux projets d’infrastructures et d’extraction sur le continent.
Les pays conviés comptent parmi les plus riches d’Afrique en ressources stratégiques – or, uranium, manganèse, terres rares, pétrole ou encore lithium – essentielles à l’économie mondiale, en particulier pour les technologies vertes et numériques.
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a saisi l’occasion pour mettre en avant la stabilité politique et l’environnement favorable aux affaires de son pays, invitant même l’ancien président Trump à « investir dans un club de golf au Sénégal ». Son homologue mauritanien, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a insisté sur les richesses minières de son pays, tandis que le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema a rappelé que le Gabon est le deuxième producteur mondial de manganèse.
Cette rencontre intervient alors que les États-Unis restructurent leur politique étrangère en Afrique, marquée par une baisse de l’aide publique au développement, notamment via le démantèlement de l’agence USAID. En lieu et place, Washington privilégie désormais les partenariats économiques privés, comme en témoigne un sommet d’investisseurs américains organisé fin juin en Angola.
Le président libérien Joseph Boakai, par la voix de sa porte-parole Kula Fofana, a exprimé le souhait de voir son pays traité comme un partenaire économique, et non plus simplement comme un bénéficiaire d’aide humanitaire.
Si les discussions économiques ont occupé le devant de la scène, la question migratoire demeure sensible. Selon plusieurs sources diplomatiques, l’administration Trump aurait demandé aux cinq pays présents d’accueillir temporairement des migrants expulsés des États-Unis, sans que ceux-ci soient nécessairement ressortissants de ces pays. Une pratique contestée, qui pourrait soulever des tensions internes ou des critiques d’ONG.
Un précédent existe : le Soudan du Sud, bien que non invité à ce sommet, a récemment accepté d’accueillir huit migrants en situation irrégulière expulsés des États-Unis.
Alors que les enjeux de sécurité, de souveraineté et de transition énergétique redessinent la carte des alliances internationales, l’Afrique apparaît plus que jamais comme un terrain de manœuvres diplomatiques intenses, où ressources naturelles et politiques migratoires se croisent dans des accords souvent négociés à huis clos.