Selon un communiqué du département d’État, la décision repose sur le constat que l’Autorité palestinienne et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) « ne respectent pas leurs engagements » et « compromettent les perspectives de paix ». Une ligne dure conforme à celle de l’ancienne administration Trump, qui avait déjà fermé la mission diplomatique palestinienne à Washington en 2018 et multiplié les gestes unilatéraux en faveur d’Israël.
Mais pour de nombreux observateurs, cette justification ne tient pas juridiquement.
« Les États-Unis, en tant que pays hôte du siège des Nations unies, ont l’obligation de permettre à toutes les délégations accréditées d’accéder au territoire pour participer aux travaux de l’organisation », rappelle François Dubuisson, professeur de droit international à l’Université libre de Bruxelles. « Refuser un visa à la délégation palestinienne revient à violer l’accord de siège de 1947, signé entre l’ONU et les États-Unis. »
Cet accord stipule que les autorités américaines doivent faciliter l’accès au siège de l’organisation, indépendamment des considérations bilatérales. Or, la Palestine bénéficie du statut d’État observateur non membre à l’ONU depuis 2012, ce qui lui garantit le droit de participer aux sessions de l’Assemblée générale.
L’Union européenne, par la voix de la cheffe de sa diplomatie, a condamné « une décision qui porte atteinte au bon fonctionnement des Nations unies et au principe d’égalité entre les délégations ». Plusieurs États, dont la France, la Belgique et la Norvège, ont demandé à Washington de « reconsidérer sa position sans délai ».
Du côté palestinien, le chef de la diplomatie Riyad al-Maliki a qualifié l’attitude américaine de « sabotage politique » et appelé le secrétaire général de l’ONU à intervenir.
Cette affaire soulève une question plus large sur la capacité des Nations unies à fonctionner de manière indépendante, alors même que leur siège est situé sur le sol américain. Certains diplomates évoquent désormais la possibilité de rouvrir le débat sur le statut du pays hôte, une question longtemps considérée comme taboue.
« Le multilatéralisme est déjà mis à rude épreuve dans le contexte géopolitique actuel. Ce genre d’initiative ne fait que le fragiliser davantage », estime un ambassadeur européen sous couvert d’anonymat.
Une session d’urgence du Comité des relations avec le pays hôte est attendue dans les prochains jours à New York. L’affaire pourrait également être portée devant la Cour internationale de Justice si aucun compromis n’est trouvé.