La capitale malgache a vécu une nouvelle nuit de tensions ce jeudi marquée par des affrontements violents entre manifestants et forces de l’ordre. Au moins cinq personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées lors des manifestations contre les coupures récurrentes d’eau et d’électricité qui paralysent le quotidien de millions de citoyens.
Selon une source hospitalière locale les décès seraient survenus à la suite de tirs à balles réelles. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des manifestants fuyant les gaz lacrymogènes tandis que d’autres érigent des barricades improvisées dans les rues d’Antananarivo. « Nous n’en pouvons plus. L’électricité coupe tous les jours l’eau ne coule plus depuis des semaines dans certains quartiers. Et on nous empêche même de protester » témoigne un manifestant.
Ce mouvement de contestation initialement centré sur les délestages et les pénuries d’eau a rapidement pris une tournure plus politique. De nombreux manifestants réclament désormais le respect des libertés fondamentales dénonçant une dérive autoritaire du pouvoir en place. Dans plusieurs quartiers des commerces ont été pillés en fin de journée et des barrages ont été dressés par les habitants pour se protéger ou empêcher les forces de l’ordre d’avancer.
Face à l’ampleur des troubles, le Premier ministre Christian Ntsay a annoncé la mise en place immédiate d’un couvre-feu de 19h à 5h du matin dans toute la capitale. Il a également affirmé que le gouvernement « ne tolérera pas les actes de vandalisme » tout en appelant à « un retour au calme et au dialogue ».
Cependant aucune réponse concrète n’a encore été apportée quant à l’origine des pannes massives d’eau et d’électricité que la population subit depuis plusieurs mois. Les événements de ces derniers jours ont suscité des réactions d’inquiétude à l’étranger. Des ONG locales et internationales appellent à la retenue et réclament l’ouverture d’une enquête indépendante sur l’usage de la force par les autorités. Alors que le mécontentement ne cesse de croître de nouveaux appels à manifester ont déjà été lancés pour les prochains jours malgré les risques de répression.
