À Thiaroye-sur-Mer, la houle qui s’est abattue ces derniers jours sur la baie de Hann a laissé derrière elle un paysage de désolation. Pirogues emportées, concessions fragilisées, réseaux d’eau endommagés et plages envahies par les déchets : les habitants vivent désormais au rythme de la peur et de l’incertitude.
Dans les ruelles sablonneuses, la colère se mêle à l’épuisement. Ouseynou Dème, pêcheur de la localité, témoigne les yeux encore embués par l’émotion : « C’est très dur. L’incident nous a pris de court. Beaucoup étaient déjà partis à Touba pour le Magal. Des pirogues ont disparu, certaines maisons n’ont plus de fosses septiques. On a beaucoup perdu. » 
Même constat chez les familles impactées. Pour Ndeye Mbaye, l’urgence dépasse désormais le simple cadre matériel : « Nous n’avons plus d’eau depuis que les tuyaux de la Sen’Eau ont été endommagés. La saleté envahit tout, nos enfants ne sont pas en sécurité. Nous avons besoin d’aide, et vite. »
Un secteur de la pêche sinistré
La houle n’a pas seulement dévasté les habitations. Elle a aussi frappé au cœur l’économie locale. Les pêcheurs, déjà fragilisés, ont vu leurs outils de travail engloutis par la mer. « Beaucoup de nos matériels et nos pirogues sont partis. Nos familles ne dorment plus paisiblement. Et la responsabilité, elle est claire : c’est le remblayage du port de l’autre côté qui a accentué ce phénomène », accuse Aly Gueye Samb, un autre pêcheur à Thiaroye sur mer.
Les autorités locales en première ligne
Face à la gravité de la situation, le maire de Thiaroye-sur-Mer, El Mamadou Ndiaye, a effectué une visite de terrain. Constatant les dégâts, il s’est voulu rassurant tout en alertant sur l’urgence d’une réponse structurelle : « Nous faisons face à un phénomène de plus en plus grave. Certaines maisons se sont affaissées, des filets emportés, des réseaux perturbés. Nous avons mis en place une cellule de gestion des risques côtiers, mais ce ne sont que des mesures conjoncturelles. La seule solution durable, c’est la restructuration de Thiaroye, avec un volet protection côtière. »
Une situation qui interpelle l’État
Le sous-préfet de l’arrondissement de Thiaroye, présent également sur le terrain, a confirmé l’ampleur des dégâts : disparition de pans entiers de plage, effondrement de murs et atteinte aux réseaux de base (eau, électricité, télécommunications). Il a insisté sur la nécessité d’un recensement exhaustif pour orienter les décisions de l’État central.
Mais sur place, au-delà des chiffres et des promesses, c’est la réalité quotidienne qui frappe : un décor insalubre, des enfants jouant au bord d’une mer polluée et des habitants partagés entre colère et résignation.
Face à l’ampleur des dégâts, le maire de Thiaroye-sur-Mer a lancé un cri d’alarme. Tout en plaidant pour un soutien urgent aux familles sinistrées, il a dénoncé l’inefficacité du dispositif de gestion des déchets mis en place dans la commune de Thiaroye sur mer. Plus encore, l’édile a exhorté les plus hautes autorités de l’État à diligenter des enquêtes pour faire la lumière sur les véritables causes de l’avancée inexorable de la mer. « Les pêcheurs avancent certaines explications. Il est temps que la vérité soit établie et que des solutions durables soient trouvées », a-t-il insisté
