dimanche, août 10, 2025
spot_imgspot_img

Tchad : Succès Masra condamné à 20 ans de prison ferme et à un milliard de francs CFA de dommages et intérêts

L’ancien Premier ministre tchadien et président du parti d’opposition Les Transformateurs, Succès Masra, a été condamné ce vendredi à 20 ans de prison ferme par la justice tchadienne. Il devra également s’acquitter d’une amende d’un milliard de francs CFA à verser à l’État tchadien à titre de dommages et intérêts.

Le tribunal l’a reconnu coupable de diffusion de messages à caractère raciste et xénophobe, d’association de malfaiteurs, et de complicité de meurtre, des chefs d’accusation liés notamment aux violences intercommunautaires survenues à Mandakao, dans le sud du pays.

Le procès, très médiatisé, a duré plusieurs semaines. Il s’est déroulé dans un climat de tension politique, alors que les partisans de Masra dénonçaient une procédure à caractère politique, visant à écarter l’une des principales figures de l’opposition tchadienne.

Malgré la sévérité de la peine prononcée, Succès Masra est resté d’un calme impressionnant à l’énoncé du verdict. Souriant, il a brièvement échangé avec ses avocats, avant de se tourner vers ses proches et militants venus assister à l’audience. À ces derniers, il a lancé, d’une voix posée : « Ne vous inquiétez pas. On se retrouve bientôt. »

Une déclaration qui sonne comme un message d’espoir pour ses partisans, et un défi lancé à ses accusateurs.

Succès Masra, économiste de formation et ancien cadre de la Banque africaine de développement, s’était imposé sur la scène politique tchadienne comme une voix forte de l’opposition depuis la création de son parti, Les Transformateurs, en 2018. Il a régulièrement dénoncé la gouvernance du pouvoir en place, notamment après la mort d’Idriss Déby Itno en 2021 et la montée au pouvoir de son fils, Mahamat Idriss Déby.

Nommé Premier ministre de transition en janvier 2024 dans un geste d’ouverture du gouvernement, Masra avait quitté ses fonctions quelques mois plus tard, dénonçant des manœuvres pour l’écarter de la vie politique.

Depuis, ses relations avec le pouvoir n’ont cessé de se détériorer. Cette condamnation marque un tournant décisif dans son parcours politique et soulève des inquiétudes quant à l’espace démocratique au Tchad.

Du côté des autorités, on salue une décision « fondée sur des faits graves » et « conforme au droit ». Mais les critiques ne manquent pas : plusieurs ONG de défense des droits humains et des observateurs internationaux dénoncent un « procès politique » et s’inquiètent d’un recul des libertés publiques dans le pays.

Alors que ses avocats annoncent leur intention de faire appel, les regards sont désormais tournés vers l’avenir et plus largement, vers celui de la démocratie tchadienne.

RELATED ARTICLES

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

- Advertisment -spot_imgspot_imgspot_img

Le plus populaire

Commentaires récents