La récente décision de l’Agence de régulation des marchés (ARM) de suspendre temporairement la vente des oignons importés par les opérateurs de l’agrobusiness, du 22 mai au 15 juin 2025, est loin de satisfaire les producteurs locaux. Dans la zone des Niayes, principal bassin de production maraîchère du pays, les cultivateurs expriment leur frustration, dénonçant une mesure jugée trop tardive face aux pertes déjà enregistrées.
Moustapha Ka, maraîcher basé à Keur Ndiaye Lô, joint par téléphone ne cache pas son amertume : « Cette mesure arrive après que nous ayons déjà perdu une grande partie de notre production. Les prix ont chuté ces dernières semaines à cause de la présence massive d’oignons importés sur le marché. Beaucoup d’entre nous ont dû brader leurs récoltes ou, pire, les ont vues pourrir faute d’écoulement. »
Selon lui, les producteurs locaux réclament depuis plusieurs mois un encadrement plus rigoureux des importations en période de récolte nationale. « Nous ne sommes pas contre les importations, mais elles doivent être régulées intelligemment, pour ne pas écraser nos efforts », insiste-t-il.
Outre les pertes déjà enregistrées, les maraîchers redoutent les effets à moyen terme de la situation, notamment à l’approche de la fête de la Tabaski, prévue fin juin. « La Tabaski est une période cruciale pour nous. C’est le moment où les prix peuvent remonter un peu. Mais si le marché reste saturé ou que les stocks ne sont pas bien gérés, on risque une nouvelle chute des prix », alerte Moustapha Ka.
Face à cette situation, les producteurs des Niayes appellent à une réforme durable du système de régulation du marché. Ils demandent notamment : Une meilleure planification des périodes de suspension des importations,un soutien logistique pour la modernisation et le développement du secteur.
Ils interpellent également les autorités sur la nécessité d’investir dans des infrastructures de transformation, afin de réduire la dépendance au marché brut et limiter les pertes post-récolte.
Au-delà des considérations économiques immédiates, cette crise met en lumière les défis structurels du secteur agricole sénégalais. Entre concurrence des importations, manque de régulation efficace et soutien insuffisant aux petits producteurs, le chemin vers la souveraineté alimentaire reste semé d’embûches.