jeudi, juillet 31, 2025
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SRJ-ICOTAF : 20 ans après la liquidation, les ex-travailleurs réclament justice et compensation

Réunis une nouvelle fois sur les lieux même de leur ancien travail, ce samedi 26 juillet 2025, les ex-employés de la SRJ-ICOTAF ont tenu une conférence de presse pour relancer l’alerte sur une affaire qui dure depuis plus de deux décennies. Le coordonnateur du collectif, Lamine Sène a exprimé, avec émotion et indignation, le désespoir d’anciens travailleurs abandonnés à leur sort depuis la liquidation judiciaire de l’entreprise en 2003.

Face à la presse, ces anciens salariés ont lancé un appel solennel au président de la République, Bassirou Diomaye Faye, au Premier ministre Ousmane Sonko, et au ministre de l’Industrie Serigne Guèye Diop, pour qu’ils interviennent enfin dans un dossier aux lourdes conséquences humaines et économiques.
La SRJ-ICOTAF a été placée en liquidation judiciaire le 8 août 2003, à la suite du dépôt de bilan par l’ex-PDG Oumou Salama Tall. Cette dernière aurait démoli les machines et équipements de l’usine, les revendant en ferraille sans aucune autorisation judiciaire ni du syndic désigné, M. Bekaye Senegal. Selon les ex-travailleurs, elle aurait également entrepris des travaux illégaux dans l’enceinte de l’usine, allant jusqu’à casser des poteaux porteurs pour y construire des entrepôts. Conséquence : la structure du bâtiment menace désormais ruine. Une partie de la dalle s’est même affaissée l’an dernier, alerte le collectif, qui affirme avoir saisi la DSCOS à ce sujet. Pendant ce temps, Oumou Salama Tall percevrait toujours des revenus locatifs estimés à 35 millions de francs CFA par mois sur un site qu’elle n’est plus censée occuper.

« Nous avons perdu 189 camarades », lance Lamine Sène, la voix nouée. « Vingt ans sans emploi, sans indemnités, sans cotisations reversées à l’IPRES, c’est une vie volée. » À l’heure actuelle, le collectif réclame huit mois d’arriérés de salaires, des indemnités de licenciement jamais versées, et la reconnaissance de leurs droits. Et pourtant, deux décisions de justice ont été rendues en leur faveur, souligne M. Sène. En vain. Le flou persiste autour de la vente du site, tandis que les ex-travailleurs affirment que le consortium Batipulis, actuel acquéreur du foncier, est prêt à relancer l’activité sur les lieux, créant ainsi des emplois. Mais pour cela, l’État doit faire exécuter l’expulsion d’Oumou Tall et de ses locataires.
Le collectif demande aux procureurs du pôle judiciaire et financier de s’autosaisir, estimant que les actes reprochés à Mme Tall relèvent de la délinquance économique. « Si dans d’autres dossiers, l’État a su faire preuve de fermeté, pourquoi pas ici ? » s’interroge Lamine Sène. Une correspondance a été adressée le 17 juillet 2025 aux plus hautes autorités de l’État, sans réponse à ce jour. Lamine Sène promet une tournée nationale de sensibilisation pour que cette affaire ne tombe pas dans l’oubli, et exhorte les autorités à faire toute la lumière sur la situation.

« Nous ne réclamons que justice. Cette entreprise a été un fleuron industriel. Aujourd’hui, elle est un cimetière à ciel ouvert de nos espoirs. » Vingt ans d’attente, 189 morts et des vies sacrifiées sur l’autel de l’oubli. Le collectif des ex-travailleurs de la SRJ-ICOTAF espère que l’ère du changement tant promise tiendra enfin parole.

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