Lors du Sommet Global Solutions tenu à Berlin, l’ancien président sénégalais Macky Sall a lancé un vibrant appel à la réforme des institutions internationales, dénonçant un système multilatéral devenu « obsolète » et incapable de répondre efficacement aux défis contemporains. S’exprimant devant un auditoire international de décideurs et d’experts, il a livré une analyse lucide d’un ordre mondial en crise, appelant à une coopération fondée sur des règles équitables, des partenariats sincères et une gouvernance plus inclusive.
Selon lui, l’architecture née de l’après-guerre peine à résoudre les crises multiples que traverse le monde : conflits armés, instabilité, menaces terroristes, dérèglement climatique, guerre commerciale et inégalités économiques. Il a fustigé l’inaction des grandes institutions, soulignant que les réponses apportées sont souvent inadaptées, notamment sur le continent africain. Face à ces dysfonctionnements, Macky Sall a mis en avant quatre grands défis à relever pour l’Afrique : garantir la sécurité, accélérer le développement économique, réussir une transition énergétique juste, et réformer la gouvernance mondiale. Il a notamment insisté sur l’urgence d’adapter les mandats des missions internationales pour lutter efficacement contre le terrorisme, en particulier au Sahel, et a rappelé que cette menace globale relève de la responsabilité du Conseil de sécurité de l’ONU.
Sur le plan économique, il a dénoncé les pratiques fiscales abusives, les biais des agences de notation, et l’accès inéquitable au financement. À ses yeux, l’Afrique n’a pas besoin de plus d’aide publique au développement, mais de conditions justes pour exploiter son potentiel et attirer les investissements. Il a plaidé pour une réforme de la fiscalité internationale et des règles de l’OCDE afin de permettre aux pays africains d’accéder au crédit à des taux soutenables.
Au sujet de la transition climatique, Macky Sall a affirmé que l’Afrique, bien qu’elle soit le continent qui pollue le moins, ne peut pas être contrainte de sacrifier son développement. Il a dénoncé l’interdiction de financement international des projets gaziers décidée à la COP26, qu’il juge incohérente, et a appelé à soutenir des initiatives comme le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP), qui vise à mobiliser 25 milliards de dollars pour renforcer la résilience du continent.
Enfin, l’ancien président a appelé à un renouvellement profond des institutions internationales. Il a salué l’admission de l’Union africaine au G20, obtenue sous sa présidence de l’UA, ainsi que l’octroi d’un troisième siège à l’Afrique au FMI, tout en encourageant le Conseil de sécurité de l’ONU et la Banque mondiale à suivre cette voie. Pour lui, le monde ne peut plus continuer à ignorer les aspirations des trois quarts des pays membres des Nations Unies.
Clôturant son intervention sur une note d’espoir, Macky Sall a exhorté la communauté internationale à « un sursaut lucide et humaniste », fondé sur le dialogue, la solidarité et la foi en notre humanité commune. « Nous ne devons pas renoncer à l’espérance », a-t-il conclu, appelant à bâtir un nouveau modèle de coopération globale.
RM.
