Réunis à Abuja le 22 juin 2025, les chefs d’État de la CEDEAO ont porté le président sierra-léonais Julius Maada Bio à la présidence de l’organisation régionale. Cette élection intervient dans un contexte de fortes tensions au sein de l’espace ouest-africain, marqué par la crise sécuritaire au Sahel et la sortie du Mali, du Burkina Faso et du Niger, désormais réunis au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Ce sommet aura aussi été celui d’un revers notable pour le Sénégal. Le président Bassirou Diomaye Faye, officiellement candidat à la présidence tournante de la CEDEAO, n’a pas été retenu. Ce refus, malgré l’activisme diplomatique de Dakar, soulève des interrogations sur la capacité du Sénégal à maintenir son influence sur la scène régionale. Ce nouvel échec s’ajoute à une série de signes de marginalisation progressive dans les grandes discussions sous-régionales, notamment sur les questions de sécurité, de médiation et d’intégration.
En misant sur Julius Maada Bio, les États membres ont préféré un profil jugé plus stable et consensuel. Le président sierra-léonais quant à lui, a promis de faire de son mandat une période de refondation, articulée autour de quatre axes : « stabilité sécuritaire, renforcement de la démocratie, relance de l’intégration économique, et restauration de la crédibilité de l’organisation ». Un chantier de taille alors que la CEDEAO traverse sa plus grave crise de légitimité depuis sa création.
Pour le Sénégal, cette mise à l’écart constitue un signal d’alarme. Le leadership historique du Sénégal est désormais contesté. Le président Diomaye Faye devra revoir sa stratégie diplomatique s’il souhaite replacer le pays au cœur des dynamiques régionales. Sans cela, le risque d’un isolement durable plane sur la diplomatie sénégalaise, à un moment où l’Afrique de l’Ouest a plus que jamais besoin de cohésion.
