La fin d’une époque se profile entre la France et le Sénégal. Selon les informations rapportées par « Le Monde », les troupes françaises stationnées dans le pays quitteront le territoire à la fin du mois de septembre 2025. Cette décision, attendue depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye à la présidence, s’inscrit dans une dynamique plus large de redéfinition des relations entre le Sénégal et son ancien colonisateur.
Une volonté politique affirmée
Dès son accession au pouvoir en mars 2024, le président Bassirou Diomaye Faye et son parti, le Pastef, ont exprimé leur désir de récupérer les bases militaires françaises. Dans une interview accordée à « Le Monde » en novembre 2024, il avait clairement indiqué que « c’est évident » que les forces françaises allaient quitter le pays. Toutefois, il a précisé que cela se ferait « avec le respect qu’il faut, sans précipitation ni aucune pression ».
Cette annonce s’est inscrite dans un contexte de remaniement stratégique français en Afrique. Depuis 2022, Emmanuel Macron a évoqué la nécessité d’un « dispositif plus léger » de la présence militaire française sur le continent, marquant ainsi la fin progressive de l’influence militaire directe de la France en Afrique de l’Ouest.
Un contexte géopolitique en mutation
Le retrait des troupes françaises du Sénégal s’inscrit dans une vague plus large de contestation de la présence militaire française en Afrique. Plusieurs pays, dont le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ont déjà rompu leurs accords de défense avec la France ces dernières années. Ces départs successifs témoignent d’un rejet croissant de l’influence militaire française et d’une volonté des gouvernements africains d’affirmer leur souveraineté.
En réponse à cette tendance, Paris tente de redéployer ses forces et de redéfinir ses relations avec les pays africains. Lors d’un discours devant les ambassadeurs français à Paris le 6 janvier 2025, Emmanuel Macron a déclaré que les chefs d’État africains avaient « oublié de dire merci » pour l’intervention militaire française au Sahel en 2013, révélant une certaine amertume face à ce retrait forcé.
Les conséquences pour le Sénégal
Le départ des forces françaises implique une nouvelle organisation de la défense sénégalaise. Plusieurs questions restent en suspens :
- Renforcement des capacités militaires nationales : Le Sénégal devra accroître ses efforts pour garantir la sécurité de ses frontières et lutter contre les menaces terroristes dans la région.
- Nouvelles alliances stratégiques : Avec le retrait français, Dakar pourrait être tenté de renforcer ses coopérations militaires avec d’autres puissances, comme les États-Unis, la Chine ou la Russie.
- Impact symbolique et politique : Ce retrait marque une victoire symbolique pour le Pastef et ses partisans, qui prônent une politique plus indépendante vis-à-vis des anciennes puissances coloniales.
Un signal fort pour l’Afrique
Le départ des troupes françaises du Sénégal est un épisode supplémentaire dans la recomposition des relations entre la France et l’Afrique. Il envoie un message clair aux autres nations africaines : la souveraineté et l’autodétermination sont des objectifs atteignables.
Ce tournant historique pourrait redéfinir l’avenir des relations franco-africaines et ouvrir la voie à une nouvelle ére de coopération basée sur un respect mutuel et des intérêts partagés. Reste à voir comment Dakar et Paris redéfiniront leur partenariat dans ce nouveau contexte.