Le bilan des récentes attaques dans la province du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), attribuées aux rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF), s’élève désormais à 89 morts, selon des sources officielles. Ces violences ont provoqué une vive émotion à travers le pays, attisée par une colère populaire croissante face à l’impuissance des autorités à mettre fin à l’insécurité persistante dans la région.
Les tueries ont eu lieu dans plusieurs villages du territoire de Beni, où les assaillants, lourdement armés ont attaqué des civils sans défense, incendié des habitations et détruit des infrastructures de base. Des témoignages recueillis sur place font état de scènes d’une extrême brutalité.
« Nous avons tout perdu. Nos familles sont décimées, nos maisons brûlées. Nous ne savons plus vers qui nous tourner », témoigne un habitant du village de Mavivi, encore sous le choc.
D’origine ougandaise, les ADF sont actifs depuis plus de deux décennies dans l’est de la RDC. Affilié depuis 2019 à l’organisation État islamique, le groupe est régulièrement accusé de massacres de civils, d’enlèvements et d’attaques contre les forces armées congolaises (FARDC).
Malgré la mise en place de l’état de siège en 2021 dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, censé renforcer le pouvoir militaire local pour mieux lutter contre les groupes armés, les violences se poursuivent.
Dans les grandes villes de l’Est comme Beni et Butembo, mais aussi à Kinshasa, capitale du pays, des manifestations spontanées ont éclaté. Les manifestants dénoncent l’inefficacité du gouvernement et des forces de sécurité à protéger les populations civiles.« Nous n’en pouvons plus. Chaque semaine, ce sont des dizaines de morts, et rien ne change », s’indigne une militante de la société civile à Kinshasa.Face à l’indignation générale, le gouvernement congolais a exprimé sa “profonde consternation” et assuré que des mesures renforcées allaient être prises.
« Le gouvernement reste déterminé à éradiquer les groupes armés et à restaurer la paix. Nos forces de sécurité sont à pied d’œuvre pour traquer les responsables de ces actes barbares », a déclaré le porte-parole du gouvernement lors d’un point de presse ce jeudi.Des opérations conjointes entre l’armée congolaise (FARDC) et les forces ougandaises (UPDF), déployées depuis fin 2021, sont toujours en cours dans la région, mais leur efficacité continue d’être remise en question par la population locale et plusieurs organisations de défense des droits.
Face à l’ampleur des violences, plusieurs ONG et acteurs internationaux ont appelé à un renforcement de la réponse humanitaire et à une plus grande implication de la communauté internationale dans la stabilisation de l’Est congolais.