Après des mois de tensions et de négociations diplomatiques intenses, la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont officiellement fixé au 1er octobre 2025 la date du début des opérations de neutralisation des FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda). Cette décision s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de paix signé à Washington le 27 juin dernier.
Le texte paraphé sous médiation américaine marque une tentative inédite de normalisation des relations entre Kinshasa et Kigali, régulièrement mises à mal par la présence de groupes armés dans l’est congolais á la frontière rwandaise. Les FDLR un groupe armé majoritairement composé de Hutus rwandais, dont certains impliqués dans le génocide de 1994, sont accusées par Kigali de perpétrer des attaques contre le territoire rwandais à partir de l’est de la RDC. Kinshasa de son côté les considère également comme un facteur d’instabilité dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu où plusieurs milices sévissent depuis plus de deux décennies.
En contrepartie de la neutralisation des FDLR,le Rwanda s’est engagé à lever ses “mesures défensives”un terme utilisé pour désigner notamment le déploiement de troupes le long de la frontière et des incursions militaires en territoire congolais. Ces opérations souvent condamnées par la communauté internationale étaient justifiées par Kigali comme nécessaires pour protéger sa sécurité nationale. La mise en œuvre de cet accord sera suivie par un comité mixte RDC-Rwanda avec la participation de représentants de l’Union africaine de la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs) et des Nations unies. Des observateurs internationaux seront également déployés pour garantir la transparence des opérations et prévenir tout dérapage. Selon une source diplomatique proche du dossier « les deux parties sont conscientes que la confiance est fragile mais les pressions régionales et internationales ont permis de débloquer une situation gelée depuis des mois”.
Si cette annonce est accueillie avec optimisme par certains acteurs de la région beaucoup restent prudents. La RDC accuse depuis des années le Rwanda de soutenir le M23 un autre groupe rebelle actif dans l’est du pays ce que Kigali a toujours nié. Les organisations de la société civile quant à elles appellent à la vigilance : “Neutraliser les FDLR ne suffira pas à ramener la paix tant que les autres groupes armés continueront de semer la terreur dans l’impunité” a déclaré un activiste basé à Goma.
Le 1er octobre constituera un test majeur pour les deux pays. Si l’accord est respecté, il pourrait ouvrir la voie à une désescalade durable dans la région des Grands Lacs, marquée par plus de 25 ans de conflits et de crises humanitaires. Mais comme l’a rappelé un expert du Centre d’études pour la paix en Afrique centrale : “Les accords de paix ne valent que par la volonté politique de les faire vivre au-delà des signatures.”