Thiénaba, Sénégal – Une onde de choc traverse le village de Thiénaba, situé dans le département de Kébémer, après une série de décès tragiques survenus dans une école coranique. En moins d’une semaine, quatre jeunes talibés ont perdu la vie dans des circonstances similaires, plongeant la communauté dans l’émoi et l’incompréhension.
Le drame a débuté avec la mort de Pape Ndiassé Mbengue, dont le décès, survenu en début de semaine dernière, n’a pas immédiatement suscité d’inquiétude particulière. Son corps a été restitué à sa famille à Dara Diakhour pour l’inhumation, sans qu’aucune alerte ne soit donnée.
Mais la situation s’est brusquement aggravée dimanche après-midi, lorsque plusieurs talibés ont commencé à se plaindre de douleurs abdominales aiguës, accompagnées de vomissements. Parmi eux, Fallou Fall, un garçon de 11 ans originaire de la Gambie, a succombé alors qu’il était en cours d’évacuation. Quelques heures plus tard, un autre enfant, Cheikh Oumar Gudye, également âgé de 11 ans et originaire de Joal, a connu le même sort.
Pensant pouvoir sauver au moins un des enfants, les responsables de l’école ont conduit Modou Dièye à l’hôpital régional de Louga. Malgré une prise en charge rapide, le jeune garçon n’a pas survécu.
Selon les premiers témoignages recueillis sur place, les enfants auraient consommé en grande quantité les fruits du mbanté maré, une plante connue scientifiquement sous le nom de Senna occidentalis. Bien que cette plante pousse couramment dans certaines régions du Sénégal, elle est réputée toxique lorsqu’elle est ingérée en excès, en particulier par les enfants.
Face à ces décès suspects, le parquet a ordonné des autopsies. Les corps des quatre victimes ont été transférés à Dakar, où les examens médico-légaux sont attendus ce mercredi pour déterminer les causes exactes de leur mort.
Par ailleurs, le suppléant du maître coranique, qui encadrait les enfants au moment des faits, a été placé en garde à vue, selon les informations rapportées par le quotidien L’Observateur.
Ce drame relance une fois de plus le débat sur les conditions de vie dans certaines écoles coraniques (daaras) du pays. L’accès à une alimentation saine, à des soins médicaux appropriés et à une éducation encadrée est souvent remis en question dans ces structures, où les enfants sont parfois livrés à eux-mêmes.
La communauté de Thiénaba, dévastée, attend désormais les résultats de l’enquête pour faire la lumière sur cette tragédie. En attendant, les autorités locales appellent à la prudence et à une meilleure sensibilisation sur les dangers liés à la consommation de plantes sauvages.
