Mbayang Dramé, présidente de l’association « Maison d’Espoir Autisme Sénégal », était l’invitée de l’émission « Sersy Midi ». Très engagée dans la cause de l’autisme, elle a saisi cette tribune pour alerter l’opinion publique sur les multiples défis auxquels sont confrontées les familles touchées par ce trouble encore trop méconnu au Sénégal.
C’est en tant que mère d’un enfant autiste que Mbayang Dramé a fondé cette association. Confrontée au manque criant de structures adaptées, de spécialistes et à l’absence de diagnostic fiable, elle a décidé de s’engager pour combler ce vide. « J’ai vu qu’au Sénégal, il n’y avait pas assez de structures pour accueillir les enfants autistes. Beaucoup de parents ne savent même pas que leur enfant souffre d’autisme », explique-t-elle.
Selon elle, l’autisme reste largement méconnu dans la société sénégalaise, où il est encore trop souvent interprété à travers des croyances erronées. « On parle de djinns ou de malédictions. Résultat : les enfants sont laissés en rade », déplore-t-elle. Le manque de diagnostic officiel aggrave la situation. Il est impossible de connaître le nombre exact d’enfants concernés, et encore moins de leur offrir un suivi adapté. Pour Mbayang Dramé, la principale injustice réside dans le non-respect du droit à l’éducation pour ces enfants. Faute d’écoles spécialisées ou d’enseignants formés, nombre d’enfants autistes sont condamnés à rester à la maison. « Les parents sans moyens n’ont d’autre choix que de garder leurs enfants à domicile, ce qui est inacceptable. Tous les enfants doivent avoir accès à l’éducation », martèle-t-elle.
Consciente que le changement passe aussi par les mentalités, l’association mise sur la sensibilisation pour faire évoluer les perceptions. « L’autisme n’est pas un tabou. Avec un bon accompagnement, ces enfants peuvent s’épanouir et réussir, comme n’importe qui. Il y a des exemples dans le monde entier », affirme-t-elle, citant la star du football Lionel Messi, lui-même diagnostiqué avec un trouble du spectre autistique dans son enfance.
Depuis sa création en 2024, l’association multiplie les actions sur le terrain : organisation de sorties éducatives, accompagnement des familles et bientôt une journée de consultations gratuites prévue le 9 août prochain pour permettre aux parents d’obtenir un diagnostic précoce de leurs enfants grâce à la mobilisation de spécialistes. Mais les besoins restent immenses face à une situation d’urgence qui nécessite l’implication de l’État et de la société toute entière. Mbayang Dramé lance un appel aux autorités pour une meilleure prise en charge, pour la création d’écoles spécialisées et pour la formation de professionnels capables d’accompagner les enfants autistes. Elle rappelle que certains d’entre eux peuvent même être intégrés dans des écoles classiques, à condition d’être bien encadrés.
Plus qu’un cri d’alarme, elle porte un message d’espoir et d’inclusion. « L’autisme n’est pas une malédiction. C’est une différence qu’il faut comprendre, accompagner et respecter. »