Kampala , La corruption continue de gangrener la fonction publique ougandaise. Selon un rapport accablant publié par l’Inspection générale du gouvernement (IGG), 35 % des fonctionnaires recrutés entre 2018 et 2022 ont versé un pot-de-vin pour obtenir leur emploi. Une pratique particulièrement répandue dans les secteurs de l’éducation et de la santé, pourtant essentiels au bon fonctionnement du pays.
Le rapport, dévoilé le 20 août, met en lumière un système de recrutement vicié, où les qualifications passent parfois au second plan, au profit de ceux capables de payer pour leur place. « Ces pratiques compromettent gravement la qualité des services publics », a alerté la cheffe de l’IGG, précisant que la corruption touche tous les échelons, de l’administration locale aux ministères.
Les secteurs les plus touchés éducation et santé sont aussi les plus stratégiques pour le développement du pays. Selon des témoignages recueillis par l’IGG, les montants des pots-de-vin varient entre 500 000 et 5 millions de shillings ougandais, en fonction du poste convoité.
Cette situation soulève de vives inquiétudes : au-delà de la perte de crédibilité de l’administration publique, c’est toute l’efficacité des services sociaux qui est remise en cause. Des enseignants non qualifiés, des infirmiers sans vocation, voire sans compétences, pourraient ainsi avoir été préférés à des candidats méritants.
Face à ces révélations, plusieurs ONG locales et des représentants de la société civile ont appelé le gouvernement à prendre des mesures urgentes. Des réformes du processus de recrutement, des contrôles indépendants, ainsi qu’un renforcement de la protection des lanceurs d’alerte figurent parmi les recommandations.
Le gouvernement a assuré vouloir « enquêter et sanctionner les responsables », mais les observateurs restent prudents. Pour beaucoup, la lutte contre la corruption nécessite une volonté politique claire et un engagement sur le long terme.