À l’approche de la campagne agricole, l’inquiétude monte dans le département de Nioro où les premières pluies sont déjà tombées, mais les intrants agricoles – semences et engrais – se font toujours attendre.
Ibrahima Thiam, secrétaire gènèral des éleveurs, cultivateurs et maraîchers du département, a exprimé publiquement son désarroi face à cette situation qu’il qualifie de « critique ». Selon lui, la plupart des producteurs sont prêts à semer, mais se retrouvent dans l’impossibilité d’agir faute de matériel agricole de base. « La pluie est arrivée, mais nous n’avons encore reçu ni semences ni engrais. Ce retard risque de compromettre toute la campagne agricole », a-t-il déploré .
Le Secrétaire général de l’organisation, pour sa part, n’a pas mâché ses mots. Il pointe du doigt un manque de considération des nouvelles autorités envers le monde rural. Selon lui, les promesses de soutien à l’agriculture tardent à se concrétiser sur le terrain. « Nous avons l’impression que nos réalités sont ignorées. À chaque saison, c’est la même chose : on nous parle d’appui, mais rien n’arrive à temps », a-t-il lancé.
L’un des principaux sujets de tension reste la digitalisation du processus de distribution des intrants, récemment mise en place par le gouvernement. Si cette réforme vise à plus de transparence, elle est largement critiquée dans les zones rurales pour son inaccessibilité. « Beaucoup de nos membres ne savent ni lire ni utiliser un téléphone intelligent. Comment voulez-vous qu’ils accèdent à des semences via une application ? », s’interroge le Secrétaire général, craignant que cette mesure ne pénalise davantage les petits exploitants.
Alors que la saison agricole est censée démarrer, les producteurs de Nioro appellent les autorités à réagir rapidement afin d’éviter un nouveau retard qui pourrait entraîner de lourdes pertes pour l’agriculture locale – pilier de l’économie du département.