Malick Diop, un étudiant sénégalais de 25 ans, est apparu pour la seconde fois dans une vidéo publiée par les forces ukrainiennes, plusieurs semaines après son arrestation alors qu’il combattait dans les rangs de l’armée russe. Le jeune homme, visiblement affaibli, livre un témoignage poignant sur son parcours, depuis son enrôlement sous de fausses promesses jusqu’à sa capture sur le front de Louhansk.
La vidéo, diffusée par le régiment Azov, montre Malick Diop « vêtu d’un uniforme russe », les traits tirés, les joues creusées, un poignet bandé et une béquille en main, selon les détails rapportés par le quotidien L’Observateur. Il est assis devant un rideau en plastique noir, dans un lieu non identifié, vraisemblablement un centre de détention ukrainien.
Originaire du Sénégal, Malick Diop était étudiant en Russie lorsqu’il a été approché par un recruteur de l’armée russe. Selon son récit, il se trouvait dans un centre commercial lorsqu’un homme lui propose un « emploi sans risque » dans les cuisines de l’armée, avec à la clé une rémunération mensuelle de 800 000 roubles, soit près de six millions de francs CFA. Une somme largement supérieure au salaire d’un ministre sénégalais.
Séduit par l’offre, il accepte. Mais très vite, la promesse s’effondre. Transporté à Louhansk, en Ukraine, il reçoit un fusil, une grenade, un casque et un gilet pare-balles. « Aucun entraînement, aucune explication. Juste des ordres en russe, une langue que je ne comprends pas », déclare-t-il. La seule arme qu’il avait connue jusqu’alors, dit-il, était « le vieux fusil de [son] grand-père, qui ne fonctionnait même plus ».
Face aux horreurs de la guerre, Malick Diop finit par craquer. En découvrant des cadavres, il abandonne son équipement et tente de fuir à travers les bois. Pendant plusieurs jours, il erre seul, blessé et affamé, avant d’être repéré par un drone ukrainien. Une traque s’engage. Finalement capturé, il affirme avoir été nourri, soigné et soutenu psychologiquement par les soldats ukrainiens.
« Les Russes ont ruiné ma vie. Ils ont détruit mes projets, mon avenir », lance-t-il, appelant les jeunes Africains à ne pas céder aux offres de l’armée russe. « Ils ne m’ont pas respecté. Ils ne m’ont pas traité comme une personne. »
Pour l’heure, le sort de Malick Diop demeure incertain. Il dit ne pas vouloir être remis à l’armée russe dans le cadre d’un échange de prisonniers. Sa priorité : retrouver la liberté et rentrer au Sénégal, loin des combats et des promesses trahies.
Cette affaire met en lumière une pratique inquiétante : le recrutement de jeunes étrangers, souvent vulnérables, par les forces russes, dans le cadre du conflit en Ukraine. Une stratégie de plus en plus dénoncée, y compris sur le continent africain.