Dans le but de réduire le déficit chronique en logements accessibles, le ministère de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement du territoire multiplie les initiatives pour élargir l’accès à un habitat digne. C’est dans cette dynamique qu’a été présenté, ce samedi 20 septembre, à Diamniadio, le projet expérimental 18M, fruit d’un partenariat entre l’État et des acteurs privés, dont Blue City Key.
Ce programme entre dans le cadre du Plan national d’accès au logement et se veut une réponse immédiate et durable aux besoins des ménages, en particulier ceux à revenus modestes.
Le projet s’adosse à une volonté politique clairement affichée par les nouvelles autorités. Moussa Balla Fofana, ministre en charge de l’Urbanisme, a rappelé que « le déficit que nous avons, est un déficit structurel et nous avons énormément de logements que nous devons construire ».
Selon lui, la capacité de l’État à résorber seul ce manque reste limitée : « si on calcule les besoins de financement de ce stock de logements, c’est un besoin qui dépasse les capacités de l’État ». D’où la nécessité, insiste-t-il, « de créer une synergie entre l’ingénierie de l’action publique et la capacité d’innovation du secteur privé ».
Innovation technique et la mixité sociale
C’est précisément dans ce cadre qu’intervient Blue City Key. Son directeur général, Nabil Riad, a détaillé les contours de ce projet, qu’il qualifie d’« expérimental ». Conçu comme un modèle reproductible à l’échelle nationale, il repose sur l’innovation technique et la mixité sociale. « On a trouvé certaines solutions qui permettaient justement avec certaines structures de matériaux innovants qui sont sénégalaises, qui permettent aussi de rentrer dans des programmes éco-durables », a-t-il expliqué.
Il a notamment évoqué des alternatives aux armatures en acier et des matériaux plus légers : « le simple fait de pouvoir alléger le poids du bâtiment veut aussi dire réduction de coût, ce qui veut dire que les murs porteurs et les poteaux ont moins de charges à supporter ».
Sur une superficie de 2,33 hectares, 215 logements verront le jour, dont quinze adaptés aux personnes âgées. « Nous avons pensé plusieurs typologies de logements avec cette mixité sociale et générationnelle. Pour les personnes à mobilité réduite, nous avons des solutions mais aussi pour les personnes âgées », a précisé Nabil Riad.
Le programme prévoit des infrastructures complémentaires pour répondre aux besoins quotidiens des habitants. « Ce qui est important c’est d’avoir un cadre et un environnement. Et le cadre et l’environnement veulent dire des infrastructures sanitaires, éducatives qui peuvent correspondre à toutes les communautés », a insisté le directeur général de Blue City Key. Dans cette perspective, une salle polyvalente, des commerces de proximité, ainsi qu’un syndicat de copropriété pour l’entretien des espaces communs ont été intégrés au projet.
Le ministre Moussa Balla Fofana voit en ce projet une occasion en or pour l’atteinte des objectifs des autorités dans le secteur : « vous comprenez tout le plaisir que nous avons de voir ce premier joueur du programme national d’accès au logement et de renouveau urbain et incha’Allah il y en aura plusieurs ».
« Le logement, c’est une question de dignité »
À l’en croire, l’ambition est de couvrir « l’ensemble des huit pôles territoriaux, tous les départements et toutes les communes ». Il a également invité les collectivités à s’engager davantage : « les collectivités territoriales vont avoir un rôle important à jouer parce que nous tous, comme nous le savons, le logement c’est une question de dignité, c’est le plus grand investissement qu’un couple ou qu’une personne fera dans le cours de sa vie ».
De son côté, le délégué général de la DGPU, Bara Diouf a replacé le projet dans une vision plus large d’aménagement urbain. « À ce projet déjà ambitieux, s’ajoute aujourd’hui une autre initiative emblématique, le projet résidentiel du 18M. Sur une superficie projetée de 2,33 hectares, 215 logements verront le jour, dont 15 adaptés aux personnes âgées. Ce choix n’est pas anodin. Il traduit la volonté de bâtir une ville inclusive où chaque citoyen, quel que soit ses conditions, trouve sa place ».
Le délégué a aussi indiqué l’importance de l’innovation écologique intégrée au développement urbain : « ce qui nous donne toute sa singularité, c’est son engagement écologique. Énergie solaire, énergie verte, gestion innovante des déchets, réutilisation des eaux usées et espaces verts durables ».
Au-delà de sa dimension sociale et environnementale, le projet 18M entre dans le cadre d’une stratégie économique beaucoup plus vaste. Comme l’a rappelé Nabil Riad, il s’agit de poser les jalons d’« une industrie de l’habitat », et non d’initiatives isolées. Il a insisté sur l’importance d’un modèle capable d’être dupliqué : « le but de ce programme c’est que ce soit un modèle qui puisse être dupliqué sur le territoire national et c’est ça qui pourra permettre d’avoir une industrie d’habitat et pas une solution d’habitat isolé ». Il ajoute : « c’est un programme qui se veut réactif puisque on a traité un programme sur 215 logements qui permet d’avoir une réactivité de livraison sur 24 mois ».
Avec ces caractéristiques, le programme 18M se veut une tentative de concilier urgence sociale, innovation technique et inclusion. Pour le ministre Moussa Balla Fofana, l’enjeu va bien au-delà de la construction : « derrière chaque logement, nous avons plus de 20 métiers qui vont pouvoir profiter des retombées ». Et, il a mis l’accent sur l’impact à long terme : « le logement, c’est le paiement du loyer en moins sur les revenus et vous savez combien c’est important ».
Lancé en partenariat avec des institutions financières comme la Banque de l’Habitat du Sénégal, le projet doit démarrer d’ici la fin de l’année. Ses promoteurs le présentent comme une étape importante d’une politique plus globale de transformation urbaine. Le ministre de préciser que : « quand on s’y met, on est capable de faire preuve d’innovation au service de l’intérêt général ».
