Alors que le Sénégal amorce une phase de réformes judiciaires attendues, le Front pour une Révolution Anti-impérialiste Populaire et Panafricaine (FRAPP) relance le débat sur l’article 254 du Code pénal, qu’il accuse d’être un instrument de répression hérité de la colonisation.
Dans un communiqué publié ce jeudi, le mouvement dénonce l’usage abusif de cet article, souvent utilisé, selon lui, pour poursuivre des journalistes, activistes et opposants politiques. « Contrairement à l’article 80, qui a cristallisé les critiques pour ses atteintes à la liberté d’expression, c’est bien l’article 254 qui est le plus couramment mobilisé pour faire taire les voix dissidentes », a martelé le FRAPP.
Ce texte, qui réprime l’outrage à un corps constitué, serait devenu, selon l’organisation, une arme juridique au service du pouvoir, utilisée de manière systématique par le ministère public pour restreindre le débat démocratique.
Dans ce contexte, le FRAPP appelle le comité ad hoc chargé de la mise en œuvre des recommandations des Assises de la Justice à faire de l’abrogation de cet article une priorité. Le mouvement insiste : « Il est temps de dépénaliser la parole politique et de renforcer les garanties d’un débat pluraliste ».
L’organisation va plus loin, en interpellant directement le rôle du procureur de la République. Celui-ci, rappelle le FRAPP, « n’est pas un simple bras armé de l’Exécutif, mais un garant des libertés fondamentales dans un État de droit ». Le communiqué conclut en appelant à un sursaut démocratique et à l’ouverture d’un véritable chantier de réforme pour une justice au service des citoyens.
Ce plaidoyer s’inscrit dans un climat politique où les attentes autour de la refondation de la justice sénégalaise sont fortes, notamment depuis l’alternance politique de mars 2024, qui a suscité l’espoir d’un renouvellement des pratiques institutionnelles.