Mis en garde à vue depuis mercredi, le journaliste et chroniqueur Bachir Fofana cristallise une vague d’indignation. Opposants et défenseurs des droits humains dénoncent une atteinte grave à la liberté d’expression et exigent sa libération immédiate.
L’interpellation de Bachir Fofana, journaliste-chroniqueur, par la Division spéciale de cybersécurité (DSC), mercredi, a été perçue comme un nouvel épisode préoccupant de la répression contre les voix critiques du régime. Soupçonné d’avoir tenu des propos jugés offensants à l’encontre du président de l’Assemblée nationale, El Malick Ndiaye, Fofana est toujours en garde à vue.
Thierno Alassane Sall tire la sonnette d’alarme
Le député et leader du parti République des Valeurs (RV), Thierno Alassane Sall, a vivement réagi à cette arrestation dans une publication sur X (ex-Twitter), y voyant un symptôme d’une dérive liberticide du pouvoir. « La multiplication des arrestations pour diffamation ou offense au chef de l’État depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau régime suscite une vive inquiétude », a-t-il déclaré.
TAS d’ajouter, « À ce rythme, tout le monde va finir par y passer. Un plateau spécial pourrait se tenir dans les geôles, avec Bachir, Moustapha, Abdou… en attendant les autres qui seront ‘effacés’. »
Dans sa critique, l’ancien ministre n’épargne pas le tandem exécutif Diomaye-Sonko : « Voilà des ex-opposants qui dénonçaient à tout vent les abus du pouvoir, mais qui se montrent aujourd’hui implacables face à la moindre information dérangeante. Croient-ils vraiment pouvoir faire taire tout le monde ? C’est une peine perdue. « »
Alioune Tine dénonce un retour aux vieilles pratiques
Du côté de la société civile, la réaction est tout aussi ferme. Alioune Tine, fondateur d’AfricaJom Center et figure emblématique de la défense des droits humains, a lui aussi demandé la libération immédiate du journaliste.
Dans son tweet publié ce jeudi, il précise : « Il faut libérer Bachir Fofana, qui affiche une ligne éditoriale critique vis-à-vis du pouvoir. Si les informations publiées sont fausses, il faut les démentir fermement et lui demander de rectifier. »
Mais pour Tine, l’enjeu dépasse le seul cas Fofana. Il appelle à un changement profond de gouvernance : « Nous devons radicalement nous placer dans une perspective de rupture systémique. Les autorités doivent donc libérer immédiatement et sans condition Bachir Fofana. »