Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) est confronté à de graves difficultés dans l’accès à la commande publique. Abdel Kader Ndiaye, président du Syndicat national des entreprises du bâtiment et des travaux publics (SNEBTP), a tiré la sonnette d’alarme ce jeudi 24 juillet, lors d’un atelier tenu à l’initiative de l’Autorité de régulation de la commande publique (Arcop).
Selon lui, la principale entrave réside dans un déséquilibre du portefeuille de la commande publique. « 70 % des marchés, en termes de valeur, échappent aux entreprises nationales à cause de barrières injustes fixées arbitrairement par certains donneurs d’ordre pour écarter les acteurs locaux », déplore-t-il.
À cela s’ajoute l’absence d’un mécanisme de qualification et de classification des entreprises, ouvrant la voie à une participation désordonnée aux appels d’offres. « N’importe qui peut soumissionner, alors que le code des marchés prévoit des critères précis pour les marchés de travaux », rappelle-t-il.
Le président du SNEBTP évoque également la faiblesse de la régulation post-attribution, notamment sur le respect des délais de paiement et autres engagements contractuels. D’autres problèmes structurels sont également pointés : déficits dans la planification des marchés publics, absence de représentants du secteur privé dans les commissions d’attribution et méconnaissance des textes techniques, tels que le Code de la construction et de l’urbanisme.
Pour y remédier, Abdel Kader Ndiaye recommande :
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de rééquilibrer l’attribution des marchés en faveur du secteur privé national,
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de mettre en place un système inclusif de qualification et de classification des entreprises,
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et de réguler les délais de paiement contractuels, ou à défaut, d’envisager une alternative de règlement concertée.
Moustapha Djitté, directeur général de l’Arcop, a abondé dans le même sens en appelant à une endogénéisation de la commande publique. L’objectif est de favoriser l’émergence d’un tissu économique national fort, compétitif et créateur d’emplois.
Présidant la cérémonie d’ouverture, le ministre des Infrastructures, Yankhoba Diémé, a reconnu la gravité des défis, tout en se montrant optimiste : « Ces difficultés sont bien surmontables. Le gouvernement est conscient de la situation. Nous devons assainir le secteur, même si cela implique des décisions douloureuses. »
Le ministre a par ailleurs promis l’accompagnement total de l’État pour toutes les initiatives visant à structurer et professionnaliser la filière BTP au Sénégal.