Soyons clairs : si le développement, les infrastructures ou le rayonnement diplomatique suffisaient à assurer la légitimité d’un régime, ni Abdoulaye Wade, ni Macky Sall n’auraient été évincés du pouvoir.
Ils ont bâti. Ils ont construit. Routes, autoroutes, hôpitaux, pôles urbains, centres de conférence… rien ne manque à leur actif matériel.
Et pourtant, le peuple a tourné la page. Volontairement.
Pourquoi ?
Parce qu’à un moment, le béton ne suffit plus quand la justice s’effondre.
Si les Sénégalais ont massivement voté pour la rupture Diomaye–Sonko, ce n’était pas un simple choix de casting.
C’était un acte de rejet, mais aussi un pari d’espoir.
Car il fallait corriger ce que beaucoup dénonçaient :
• Une justice tout sauf indépendante ;
• Des ressources tout sauf équitablement distribuées ;
• Des libertés tout sauf protégées ;
• Une démocratie tout sauf renforcée.
Voilà l’exigence de la rupture.
Elle ne portait pas sur la taille des projets, mais sur la profondeur des principes.
Elle ne visait pas seulement à remplacer des hommes, mais à réinventer un système.
Or, si aujourd’hui, à peine quelques mois après l’alternance, ces mêmes dérives ressurgissent – même sous d’autres visages, même avec d’autres mots –, alors oui, il faut s’inquiéter.
Et en tant que journaliste, ma responsabilité n’est ni dans le silence ni dans l’émotion.
Mais dans l’alerte.
Dans la veille citoyenne.
Dans le rappel constant de ce qui a porté au pouvoir ceux qui y sont aujourd’hui.
Attention !
On ne peut pas promettre la rupture et flirter avec la reproduction.
On ne peut pas crier “justice” hier et mépriser les règles aujourd’hui.
On ne peut pas incarner l’espoir et banaliser le pouvoir.
Le peuple n’oublie pas.
Et l’histoire, elle, n’attend pas.
Par Rama Seck Journaliste
