jeudi, avril 24, 2025
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Le Parti Socialiste face à sa propre histoire : entre désillusion et sursaut citoyen

Thiès, Sénégal – Le Parti Socialiste (PS), longtemps considéré comme le socle du pluralisme politique au Sénégal, traverse une période de turbulence interne sans précédent. Un groupe de militants réformateurs réunis autour du Front pour la Libération du Parti Socialiste (FLPS) a lancé, samedi à Thiès, ce qu’il appelle une «révolte légale » destinée à forcer la convocation d’un congrès extraordinaire.

Porté par Daour Sagna, coordonnateur des enseignants socialistes du département de Thiès, le FLPS dit avoir déjà obtenu 44 signatures de secrétaires généraux en seulement quatre jours, un chiffre significatif qui révèle selon ses initiateurs, le ras-le-bol de la base militante et la volonté de changement.

« Nous avons lancé l’assaut légal. 44 signatures de secrétaires généraux arrachées en 4 jours, sans tambours ni trompettes. La preuve que le peuple socialiste respire encore sous les décombres », a déclaré M. Sagna face à la presse.

Le FLPS vise 80 signatures d’ici le 24 avril 2025, soit la majorité absolue des coordinations encore actives, conformément aux statuts du parti, qui permettent la convocation d’un congrès extraordinaire à l’initiative de la base. Ce congrès serait une opportunité, selon les réformateurs, de renouveler les instances et redonner au PS un nouveau souffle.

Le lendemain, le 25 avril à 17 heures, les membres du FLPS annoncent un sit-in à la Maison du Parti. Une action qu’ils promettent pacifique mais déterminée, pour marquer symboliquement la reprise en main du parti par ses militants de terrain.

Créé dans le sillage de la décolonisation, le Parti Socialiste a dominé la scène politique sénégalaise pendant plus de 40 ans, sous la houlette de figures historiques comme Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf. Mais aujourd’hui, le constat est amer :

  • Le PS est passé de 30 députés à un seul à l’Assemblée nationale,

  • Sur plus de 120 collectivités locales autrefois dirigées par des socialistes, il n’en reste qu’une poignée,

  • Et sur 138 coordinations, 80 seulement seraient encore actives selon les chiffres avancés par le FLPS.

Pour Daour Sagna, c’est l’inertie de la direction actuelle et le manque de dialogue interne qui ont plongé le parti dans cet état critique.

« Le PS, ce titan qui portait les aspirations de Senghor et de toute une génération, n’est aujourd’hui plus qu’une ombre. Il est temps de sortir de cette torpeur », a-t-il martelé.

La stratégie du FLPS, qualifiée de « révolte légale », s’appuie sur les textes fondateurs du parti. Elle vise à mobiliser les bases, sans recourir à la violence ni à la dissidence radicale, mais en respectant les mécanismes internes. Un pari risqué dans un environnement politique où les réformes internes sont souvent perçues comme des menaces à l’équilibre des appareils établis.

Ce mouvement traduit aussi une soif de démocratie interne et une volonté de renaissance d’un parti historique, qui malgré son recul, conserve une valeur symbolique importante dans l’imaginaire politique sénégalais.

L’avenir dira si le FLPS réussira à enclencher ce sursaut salvateur, ou si le Parti Socialiste restera figé dans un passé glorieux, incapable de répondre aux attentes d’une nouvelle génération.

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