jeudi, juillet 31, 2025
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LE BATAILLON POUR LA REVOLUTION AGRICOLE AU SENEGAL (BRAS vert)

Au nom de la devise du Sénégal : « Un Peuple Un but Une foi » je verse dans la corbeille à discussion ma modeste contribution aux recherches de stratégies de développement du Sénégal à la suite de l’engagement de la première cohorte de 1 000 jeunes volontaires à retourner vers l’agriculture dont la cérémonie officielle de sortie a été présidée, le 25 juillet 2025 par le Premier Ministre Ousmane Sonko à Thiès.

Cette ambition portée par le PM me motive à partager avec vous ces quelques lignes dont le substrat repose sur l’identification des besoins en ressources humaines, hydrauliques et financières nécessaires au financement du plan que je vous propose afin de neutraliser les goulets d’étranglement et les contraintes qui freinaient les plans antérieurs au décollage.

Sur ce je vous convie à lire avec un esprit critique le plan ci-dessous centré sur l’agriculture et l’emploi des jeunes dénommé « BRAS vert », certes perfectible. Je n’ai pas jugé nécessaire de publier la partie consacrée au chiffrage et au cadrage financier car certaines données afférentes aux véhicules particuliers à taxer, aux entreprises ayant un bénéfice supérieur ou égal à 15 000 000 000 FCFA et aux véhicules âgés à rendre éligibles au dédouanement par la suspension du décret limitant l’âge des véhicules importés ne sont pas connues avec exactitude à la date d’aujourd’hui malgré les multiples démarches entreprises.

Ci-dessous les lignes directrices du plan soumis à votre appréciation

 

De 1960 à nos jours tous les régimes politiques qui se sont succédé au pouvoir ont eu à déployer d’importants moyens pour faire de l’agriculture le moteur de la croissance économique mais les résultats obtenus sont décevants à cause de la conjugaison de plusieurs facteurs dont les plus saillants se déclinent ci-dessous :

  • Défaut de modernisation des équipements ruraux et agricoles ;
  • Faible productivité ;
  • Diminution des terres cultivables à cause de la montée en puissance de l’urbanisation
  • Absence de maîtrise de l’eau ; forte dépendance de la pluviométrie limitant ainsi la période d’activité et une mauvaise politique hydraulique
  • La raréfaction de la main-d’œuvre induite par l’exode rural massif vers les centres urbains prometteurs d’un bel avenir ;
  • La désarticulation entre le secteur primaire et le secteur secondaire d’une part, entre les ingénieurs agronomes et les agriculteurs d’autre part cadenassant ainsi toutes les possibilités de performances devant être issues du progrès technique.

Toutefois, il est important de souligner que depuis 2012 un important saut quantitatif, qualitatif et progressif dans le domaine rizicole a été enregistré grâce aux immenses efforts consentis par le gouvernement dont l’objectif était l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire en riz en 2017.

Malgré la déception notoire, force est de constater que la tendance est bonne et mérite d’être améliorée à l’aide de stratégies plus adaptées et génératrices de production à grande échelle.

C’est ainsi que l’idée de la réflexion sur la révolution agricole au Sénégal nous taraude l’esprit mais dopée par l’invitation du premier ministre à la jeunesse de retourner vers l’agriculture.

Ayant tiré des leçons des échecs des vacances citoyennes dont la première édition fut lancée à la faveur de la première alternance en 2 000 mobilisant des milliers de jeunes pour des journées d’investissement humain et de plantations d’arbres dans presque toutes les communes du pays mais surtout des plans consacrés exclusivement à l’agriculture lancés en grande pompe dont les plus significatifs sont le plan REVA (Retour Vers l’Agriculture) en 2006, le plan GOANA (Grande Offensive Agricole pour la Nutrition et l’Abondance) lancé le 18 avril 2008 et le PRACAS (Programme d’Accélération de la Cadence de l’Agriculture Sénégalaise) en 2014 .

Sur l’évaluation des défaillances concourant inéluctablement à l’échec desdits plans nonobstant les moyens mobilisés et les espoirs suscités, s’appuie notre contribution à l’élaboration de nouvelles stratégies de redéploiement de la politique agricole au Sénégal.

L’élaboration de ces stratégies se décline sous forme d’un plan dénommé le « bataillon pour la révolution agricole au Sénégal » (BRAS vert).

Notre réflexion pour la mise œuvre de ce plan s’articule autour des axes suivants :

  • Les ressources humaines et leur organisation ;
  • Les ressources hydrauliques
  • Les ressources financières
  • Les ressources humaines et leur organisation

Les ressources humaines constituent l’épine dorsale de la réussite de tout plan d’où la nécessité d’y accorder une attention particulière.

  • Personnel d’encadrement technique

14 ingénieurs agronomes de plus de 10 ans d’expérience

Les 14 ingénieurs agronomes chevronnés ciblés représentent le pivot technique de ce plan. Ils seront chargés de la cartographie des zones cultivables et leur spécialisation en fonction de la qualité des sols aussi bien en culture d’arachide, de riz, de maïs, de pastèque de banane, manioc, qu’en horticulture.

Les ingénieurs mettront à contribution leurs compétences techniques à la sélection des variétés de semences à haut rendement.

Aucune décision relative aux semences ne doit être prise sans leur avis technique.

  • Personnel administratif

 1 général de division ou de brigade ;

Le général désigné assurera le pilotage du programme et travaillera en étroite collaboration avec le Président de la République, le Premier Ministre et le Ministre chargé de l’Agriculture.

14 officiers supérieurs ;

En outre, pour l’exercice de ses fonctions, le général sera assisté par quatorze (14) officiers supérieurs répartis entre les régions dont un à la tête de chaque « Antenne régionale du BRAS vert ».

46 sous-officiers des eaux et forêts ;

A l’échelon du département sera créée une « Antenne départementale du BRAS vert » dirigée par un sous-officier des eaux et forêts pour assurer la coordination des activités culturales.

Le personnel administratif constitué de militaires et paramilitaires est indispensable à la formation des jeunes enrôlés dans ce programme à la citoyenneté, à la discipline et à la rigueur militaire sources de pragmatisme, d’obéissance à la hiérarchie, d’émulation  et du sentiment du devoir accompli.

  • Personnel assurant l’exploitation

15 000 jeunes

La réalisation de ce programme reposera sur l’engagement de 15 000 jeunes à l’échelle nationale âgés de 21 à 35 ans dont au minimum 1 000 soldats libérés entre début 2015 et fin 2025.  Ils ont droit à une indemnité mensuelle de cent mille francs CFA (100 000) sur toute la durée de leur engagement. La durée d’engagement est de trois (3) ans.

Dans ce programme il y aura un volet consacré au renforcement des capacités des jeunes dans plusieurs métiers afin qu’ils puissent disposer de compétences à monnayer ailleurs après trois (3) années d’engagement au « BRAS vert ».

En outre, les jeunes qui ont fait leur service militaire pourront, à la fin de leur enrôlement dans ledit programme, être ventilés entre la Police nationale, la Gendarmerie, l’Administration pénitentiaire, la Douane, le Service national d’hygiène et le Service national des eaux et forêts selon des modalités à définir par les corps concernés en fonction de leur spécificité.

Les autres bénéficieront d’une côte d’amour (un avantage ou surplus de points) au niveau des concours nationaux ou recrutements initiés par l’Etat et/ou ses démembrements.

  • Les ressources hydrauliques

 

Elles font partie du portefeuille régalien de l’Etat dans le cadre de sa politique d’adduction d’eau sur toute l’étendue du territoire national. Malgré les ressources mobilisées s par les gouvernements qui se relayés au pouvoir de l’indépendance à nos jours une bonne partie du pays n’arrive pas à accéder à l’eau et dépend exclusivement de l’eau de pluie et des puits de fortune.

Dans ce contexte, il urge de procéder à une nouvelle approche stratégique basée sur les spécificités de chaque région pour la mise en valeur des eaux fluviales à l’aide de la conception et la construction d’un réseau sur un horizon septennal voire plus, les canalisant vers les zones cultivables afin de maîtriser l’eau. Pour ce faire la construction de bassins de rétention de l’eau pluviale en quantité suffisante initiée par le régime du Président Abdoulaye Wade jumelée à l’édification des mini-forages sur les sites cultivés seraient une solution à court terme. Pour les mini-forages dont le coût unitaire est inférieur à quinze millions francs CFA (15 000 000), l’Etat peut inviter les entreprises privées à centraliser leurs fonds dédiés à leur responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) dans un compte spécial ouvert au Trésor pour être affectés exclusivement à la construction de mini-forages sur les trois (3) prochaines années.

  • Les ressources financières

Indépendamment des dysfonctionnements administratifs, tous les plans agricoles mis en œuvre n’ont pas surmonté les contraintes afférentes à leur financement.  Pour lever ces contraintes, le financement du « BRAS vert » sera essentiellement tiré d’un mécanisme d’imposition et/ ou de taxation fiable, viable et soutenable en plus des recettes générées par les ventes des titres y attachés.

La couverture des charges de fonctionnement du plan est financée par les fonds levés grâce aux opérations d’imposition et de taxation ci-dessous :

  • Institution d’une nouvelle taxe sur les véhicules particuliers d’un montant de 60 000 FCFA

Cette taxe peut être payée soit annuellement (60 000 FCFA), semestriellement (30 000 FCFA) soit mensuellement (5 000 FCFA) selon la volonté du contribuable.

La taxe ainsi instituée n’appauvrit pas le contribuable mais enrichit l’Etat au profit du bien-être collectif.

  • Le taux de l’impôt sur les sociétés doit être progressif à partir de tout bénéfice supérieur ou égal à 15 000 000 000 FCFA et passe de 30% à 33% entre 15 000 000 000 FCFA et 25 000 000 000 FCFA et à 35% au-delà 25 000 000 000 FCFA.

La progressivité du taux l’impôt sur les sociétés au seuil de tout bénéfice supérieur à 15 000 000 000 FCFA se justifie car l’Etat ne doit pas accepter que certaines entreprises surfacturent leurs produits et/ou services aux sénégalais en générant un surprofit qui ne profite pas au Trésor public.

Par ailleurs, concernant le financement des dépenses d’investissement en équipements agricoles (tracteurs, moissonneuses-batteuses, kits hydrauliques etc.) et d’achat d’intrants (semences, engrais etc.) nécessaires à l’exploitation, l’Etat créera une Mutuelle Nationale d’Epargne et de Financement du « BRAS vert » chargée de l’émission et de la vente des titres de propriété (et non de créance) négociables appelés « KHEWEUL ». Tout détenteur desdits titres est membre de la Mutuelle sans distinction de nationalité mais le nombre maximal de titres que peut détenir un étranger est de 10 000. Ces titres peuvent être acquis aussi bien par des personnes physiques que des personnes morales.

Les titres « KHEWEUL » se vendent au minimum par lot de 20 au prix de 100 000 FCFA à raison de 5 000 FCFA par titre.

Les détenteurs de titres seront en contrepartie rémunérés sur la base des profits réalisés.

La Mutuelle disposera d’une autonomie de gestion et pourra prendre des initiatives pour lever des fonds mais sous réserve d’un visa d’autorisation délivré par le Ministre chargé des Finances. Il lui sera formellement interdit d’investir sur des opérations risquées comme l’achat d’actions, les placements dans des organismes de la finance stochastique.

La Mutuelle nationale du « BRAS vert » entreprendra toutes les démarches utiles afin d’intéresser les partenaires du Sénégal audit plan et de bénéficier de leurs concours techniques et financiers.

Pour la première année d’exercice, l’Etat doit y injecter des fonds représentant une mise initiale en attendant que les ventes de titres se réalisent. En ces temps de conjoncture difficile, une batterie de mesures pour lever des fonds sans bourse délier s’offre à l’Etat.

Par exemple, la suspension sur 6 mois du décret limitant l’âge des véhicules importés privant d’importants fonds au Trésor public sans aucune contrepartie avantageuse directe ou indirecte alors que l’éligibilité au dédouanement desdits véhicules qui sont déjà sur le territoire national, assurera à l’Etat des ressources additionnelles non négligeables à consacrer audit plan.

Ensemble construisons notre beau pays.

Qu’Allah nous protège

Par S. MB. SYLLA /Economiste/PASTEF-MBACKE

 

 

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