L’affaire Adji Sarr – Ousmane Sonko, qui a profondément divisé le Sénégal entre 2021 et 2023, s’impose comme une blessure non cicatrisée dans la mémoire collective nationale. Comparée à l’affaire Dreyfus en France, elle a cristallisé les tensions politiques, sociales et judiciaires du pays, avant de sombrer dans un silence pesant, presque tabou.
Le procès du 1er juin 2023 s’est conclu par une condamnation d’Ousmane Sonko à deux ans de prison pour « corruption de la jeunesse », sans qu’il soit reconnu coupable de viol. Mais ce jugement a été annulé en décembre 2023 pour vice de procédure, rendant la condamnation caduque, tout en maintenant la présomption d’innocence sur les accusations restantes.
Ce silence actuel, illustré notamment par la gêne autour des débats médiatiques récents, traduit une volonté d’oubli qui ne permettra pas de refermer ce chapitre douloureux. Une vraie réconciliation nationale exigerait un nouveau procès, équitable, transparent, en présence de toutes les parties. Car la vérité, si inconfortable soit-elle, est la seule voie vers une catharsis collective.