L’expression « insulteur public » est parée d’une aura professionnelle, presque honorable, à l’égal d’un diplomate ou d’un ébéniste. Être un « insulteur public » est devenu un métier sur les réseaux sociaux, parfois lucratif, souvent soutenu par des politiques. Chaque semaine, un nouvel éclat fait les gros titres, comme récemment avec Azoura Fall, récidiviste notoire.
Mais le vrai problème n’est pas ces individus, a priori insignifiants, ni leurs provocations. C’est la complaisance des responsables politiques qui s’affichent avec eux. Hier, Macky Sall posait avec Kaliphone ou une tiktokeuse versée dans les grossièretés ; aujourd’hui, on voit Azoura Fall graviter dans l’entourage du Premier ministre.
Cette proximité interroge : pourquoi la République s’abaisse-t-elle à promouvoir la médiocrité ?
Par ailleurs, ces affaires ne méritent pas l’acharnement judiciaire qu’on leur accorde. Récemment, après un combat victorieux à Paris, un combattant de MMA a lancé un « F**k Macron » retentissant. Le lendemain, il rentrait chez lui sans encombre.
Au Sénégal, un tel acte aurait valu une arrestation immédiate, assortie d’une vague d’indignations publiques. Cette différence de traitement révèle une crispation excessive. Plutôt que de s’obstiner à punir chaque dérapage, interrogeons la responsabilité des élites. En cautionnant ces « insulteurs », elles en font des figures du débat public, dégradant ainsi la dignité de la République. C’est là le véritable scandale.