Dans une déclaration solennelle prononcée depuis la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies, Emmanuel Macron a annoncé ce lundi la reconnaissance officielle par la France de l’État de Palestine. Une décision qualifiée d’« historique » par l’Autorité palestinienne mais qui a aussitôt été rejetée avec véhémence par le gouvernement israélien.
« La France reconnaît aujourd’hui l’État de Palestine » a déclaré le chef de l’État français affirmant que ce geste visait à « préserver la possibilité d’une paix durable entre Israéliens et Palestiniens » à travers la solution à deux États.Face aux violences persistantes à Gaza aux souffrances civiles et à l’impasse politique, Emmanuel Macron a évoqué un « moment critique » pour la paix au Proche-Orient. Il a souligné que le conflit était arrivé à un point de non retour appelant la communauté internationale à « ne plus attendre ».
S’inscrivant dans la tradition diplomatique française au Proche-Orient le président a expliqué que cette reconnaissance n’était « ni contre Israël, ni pour diviser davantage » mais bien un acte de responsabilité visant à « créer les conditions d’un avenir de coexistence pacifique ». Le président a cependant posé deux conditions claires : la libération des 48 otages encore détenus par le Hamas et un cessez-le-feu immédiat à Gaza. L’installation d’une ambassade française à Ramallah ou Jérusalem-Est reste donc suspendue à l’évolution du terrain.
La décision française a été saluée par l’Autorité palestinienne qui y voit une avancée diplomatique majeure ainsi que par l’Arabie saoudite qui a appelé les autres États à « suivre cet exemple courageux ».
À l’inverse, Israël a vivement condamné cette annonce. Le Premier ministre Benyamin Nétanyahou a dénoncé une décision « dangereuse » qui selon lui « légitime le terrorisme » et « met en péril l’existence même de l’État hébreu ». La reconnaissance française s’inscrit dans un mouvement plus large au sein de l’Union européenne. Cinq autres pays – la Belgique, le Luxembourg, Malte, Andorre et Saint-Marin – ont annoncé leur intention de reconnaître également l’État palestinien dans les semaines à venir.Des États comme le Royaume-Uni, le Portugal, le Canada ou encore l’Australie ont déjà officialisé leur reconnaissance ces derniers mois, dans un contexte de mobilisation internationale accrue pour relancer la solution à deux États.
En France, la décision a suscité des réactions contrastées. 86 mairies ont hissé le drapeau palestinien en signe de soutien, provoquant une vive polémique. L’ancien ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, récemment démissionnaire, a dénoncé une « récupération politique » et appelé à saisir la justice.Avec cette reconnaissance, Emmanuel Macron repositionne la France au cœur du dossier israélo-palestinien, dans un rôle d’acteur diplomatique engagé, prêt à assumer un leadership politique sur une question longtemps gelée.
« Certains diront trop tard, d’autres trop tôt, mais nous ne pouvons plus attendre », a conclu le président dans une formule destinée à marquer les mémoires.Reste à voir si cette initiative pourra contribuer à briser l’impasse actuelle, ou si elle creusera davantage les divisions internationales sur la question palestinienne.