Conflit asymétrique et innovations militaires israéliennes
Israël a développé des tactiques militaires sophistiquées pour faire face aux guerres urbaines et aux menaces asymétriques, notamment contre des groupes comme le Hamas ou le Hezbollah (soutenus par l’Iran). L’Institut de recherches de théorie opérationnelle (Otri) a joué un rôle central dans cette évolution, intégrant des concepts issus de la philosophie (Deleuze), de l’architecture (Tschumi) et des sciences sociales pour repenser la guerre urbaine. Par exemple, lors de l’assaut du camp de réfugiés de Balata en 2002, Tsahal a utilisé des manœuvres « fractales » pour désorienter l’ennemi en attaquant simultanément depuis toutes les directions. Ces méthodes ont influencé les doctrines militaires occidentales, notamment celles des États-Unis.
L’Iran et la guerre par procuration
L’Iran mène une guerre indirecte contre Israël via ses proxies régionaux comme le Hezbollah au Liban ou le Hamas à Gaza. Lors de la guerre de 2006 contre le Hezbollah, les combattants ont adapté leurs tactiques pour contrer les innovations israéliennes, utilisant des tunnels et des attaques surprises depuis les ruines, ce qui a exposé les limites de la stratégie israélienne. L’Iran fournit également des armes et un soutien logistique à ces groupes, comme en témoignent les frappes israéliennes répétées contre des dépôts d’armes iraniens en Syrie.
Dimension éthique et droit international
Israël se présente comme une armée « morale », mais ses actions, notamment lors des récentes opérations à Gaza (7 octobre 2023), ont été critiquées pour leurs conséquences humanitaires. Le blocus de Gaza et les frappes aériennes massives ont soulevé des questions sur le respect du droit international, avec 39 pays portant plainte devant la Cour internationale de Justice. La tradition juive, bien que valorisant la paix (« Shalom »), admet des guerres « commandées » (mil’hémèt mitzvah) pour la survie nationale, ce qui influence le discours israélien.
Évolution des doctrines et échecs stratégiques
L’échec israélien lors de la guerre du Liban en 2006 a conduit à une remise en question des théories de l’Otri, jugées trop intellectuelles et déconnectées du terrain. Aujourd’hui, Israël semble privilégier une approche plus brutale, comme en témoigne l’opération « Chariots de Gédéon » à Gaza, visant une réoccupation partielle et le déplacement forcé de populations. Cette approche contraste avec les tentatives passées de minimiser les pertes civiles.
Guerre psychologique et culturelle
Le conflit Israël-Iran se joue aussi sur le terrain culturel. Par exemple, des artistes israéliens explorent les traumatismes de la guerre (comme l’exposition « 1973, Carte de marquage de la mémoire »), tandis que la communauté artistique internationale se divise sur la question palestinienne, reflétant les clivages géopolitiques. En Iran, l’art est souvent mobilisé pour glorifier la résistance anti-israélienne.
L’art de la guerre entre Israël et l’Iran combine innovations tactiques, guerres par procuration, enjeux éthiques et dimensions culturelles. Si Israël mise sur la technologie et l’adaptation doctrinale, l’Iran exploite l’usure et l’asymétrie. Ce conflit, marqué par des cycles de violence et des échecs stratégiques des deux côtés, reste l’un des plus complexes au monde.
Aujourd’hui le monde est en train d’assister à une guerre conventionnelle entre ces deux géants du Moyen Orient. Un conflit qui peut dégénérer avec des conséquences fâcheuses.
Dr Boubacar Fall
Psychosociologue
Analyste des Relations Internationales et Géostratégique
