Chaque année, le Sénégal vibre au rythme du Grand Magal, une commémoration qui dépasse le cadre d’un simple pèlerinage. C’est un moment où la mémoire de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, fondateur du Mouridisme, et l’héritage spirituel qu’il a laissé se ravivent dans le cœur de millions de croyants.
Le Magal trouve son origine dans l’exil du Cheikh au Gabon en 1895, décidé par l’administration coloniale. Officiellement accusé de troubler l’ordre établi, il fut perçu par ses disciples non pas comme un condamné, mais comme un élu en mission spirituelle. Pour le Cheikh, cet éloignement était une occasion de servir Dieu autrement, par la patience, la prière et le détachement des biens matériels.
En wolof, le mot « Magal » signifie rendre hommage et célébrer. Depuis la première commémoration, la date du 18 Safar dans le calendrier musulman est devenue un rendez-vous sacré où la foi, le souvenir et la gratitude se conjuguent dans un élan collectif.
Durant cette période, récitations des Khassaïdes, conférences religieuses et œuvres sociales se multiplient. Des repas sont offerts, des actes de solidarité sont posés et les liens communautaires se renforcent. Au-delà de la ferveur spirituelle, l’événement dynamise l’économie nationale et mobilise une organisation colossale.
Cheikh Ahmadou Bamba, né en 1853 à Mbacké, a marqué l’histoire religieuse du Sénégal par sa piété, son érudition et son engagement pour la non-violence face à l’injustice. Ses écrits, rassemblés dans les Khassaïdes, restent une source d’inspiration intemporelle. La ville de Touba, qu’il a fondée, demeure le cœur de cette confrérie et le lieu où son message de paix, de travail et de dévotion est magnifié chaque Magal.