Un tournant stratégique s’opère dans le financement de l’enseignement supérieur sénégalais. Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI) a conclu, ce lundi, des contrats de performance avec huit universités publiques du pays. Une enveloppe de 13,7 milliards de FCFA leur sera allouée sur la période 2025-2027, conditionnée à l’atteinte d’objectifs clairement définis.
Lors de la cérémonie de signature, le ministre Dr Abdourahmane Diouf a précisé que ces accords ne sont pas de simples subventions. « Il s’agit d’un contrat d’objectifs et de moyens. L’État fixe les résultats attendus, et les financements additionnels sont débloqués en fonction des performances », a-t-il déclaré. Ce mécanisme, qui vient en complément des budgets ordinaires, s’inscrit dans une logique de responsabilisation des établissements et de renforcement de la qualité universitaire.
Les montants attribués varient selon les universités. L’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) se voit attribuer l’enveloppe la plus élevée, soit 3,3 milliards FCFA, tandis que l’Université du Sine-Saloum (USSEIN) reçoit un montant de 1,055 milliard FCFA.
Ces contrats engagent les universités à améliorer plusieurs indicateurs clés : qualité des enseignements, respect des calendriers académiques, efficacité des systèmes internes, politique de recherche, et gouvernance institutionnelle. « Le financement ne sera plus automatique. Il sera lié à la performance. C’est une réforme structurelle que nous assumons pleinement », a insisté le ministre.
Ce dispositif entre dans le cadre du projet « ESPOIR Jeunes », cofinancé par la Banque mondiale et l’Agence française de développement (AFD). Selon le coordonnateur du projet, Aboubacry Niang, ce modèle pourrait s’appliquer à l’ensemble des établissements publics dans un avenir proche. « L’idée est que chaque université signe chaque année un contrat avec l’État, évalué et ajusté en fonction des résultats obtenus. »
Fruit de six mois de concertation entre les services techniques du MESRI et les universités, cette initiative marque une volonté de réforme durable du système universitaire, basée sur la transparence, l’efficacité et la responsabilisation des acteurs.