Le climat social se crispe dans la commune de Diamaguène Sicap Mbao. Le Collectif des Associations pour la Défense des Intérêts de la Route Tally Mame Diarra accuse l’administration locale d’entraver de manière répétée son droit de manifester, en dépit du respect scrupuleux des procédures légales.
Dans une note adressée au Sous-Préfet de la commune, Aliou MANE membre du parti Pastef et représentant actif du Collectif , s’insurge contre une série de refus systématiques opposés aux déclarations de manifestations pacifiques. Ces manifestations, selon lui, visaient à alerter sur l’état de dégradation avancé de la route Tally Mame Diarra, un axe crucial pour les habitants de la commune. « Chaque action a été déclarée dans les règles. Pourtant, on nous oppose systématiquement des refus, fondés sur des motifs flous, parfois hors la loi », affirme-t-il dans le document. Une situation qui, selon lui, menace de radicaliser un mouvement jusque-là strictement pacifique.
Le Collectif rappelle que la liberté de réunion est un droit garanti par l’article 8 de la Constitution sénégalaise. La loi encadrant les rassemblements publics, notamment la loi n°78-02 du 29 janvier 1978, impose deux conditions strictes pour qu’une interdiction soit considérée comme légale : l’existence d’une menace réelle à l’ordre public et l’incapacité avérée des forces de sécurité à y faire face. « L’un sans l’autre ne suffit pas », souligne Aliou Mané, qui cite également un précédent jurisprudentiel important : l’affaire Alioune Tine c/ État du Sénégal, dans laquelle la Cour suprême a réaffirmé l’obligation de l’administration de privilégier les mesures les moins contraignantes pour les libertés individuelles.
Aliou MANE va plus loin, soulevant une interrogation qu’il juge légitime : à plusieurs reprises, des contre-manifestations ont été organisées aux mêmes dates que celles proposées par le Collectif, notamment par un certain Birane Anta Seye. « Comment ce dernier a-t-il connaissance, presque immédiatement, des dates que nous déposons auprès de la Sous-Préfecture ? », s’interroge le représentant. Une situation qui, selon lui, laisse planer des doutes sur une possible fuite d’informations ou une instrumentalisation politique de l’administration locale.
Face à ce qu’il qualifie de dérives administratives, le Collectif lance un appel solennel à l’État pour un retour à la rigueur, à la neutralité et au respect de la légalité. « Représenter l’État impose une éthique. Un représentant de l’État devrait veiller à ce que ses décisions puissent résister à l’examen du juge. » Malgré les blocages, le Collectif assure qu’il ne renoncera pas à son combat pour la réhabilitation de la route Tally Mame Diarra. Il se dit résolu à poursuivre ses actions dans le cadre républicain, tant que l’administration en respecte les règles.
Rosita Mendy