Lors de l’ouverture du Dialogue national ce mercredi, le député et ancien Premier ministre Amadou Ba a livré un discours aussi ferme que rassembleur, plaçant la place de l’opposition au cœur de ses préoccupations. S’il a salué l’initiative du dialogue, il a surtout saisi l’occasion pour adresser un message clair : l’opposition doit être pleinement intégrée dans le fonctionnement démocratique du pays, non réduite au silence.
« Je rêve d’un Sénégal où l’opposition est écoutée, pas écartée. Où le débat est loyal, pas agressif. Où la critique est utile, pas criminalisée », a-t-il déclaré en conclusion de son intervention, dans ce qui restera sans doute comme le passage le plus marquant de son allocution.
Amadou Ba, qui a rappelé que sa présence à ce dialogue ne relevait ni de la naïveté ni d’un calcul, mais d’une « fidélité aux principes », a réaffirmé l’importance du pluralisme politique dans la consolidation de la démocratie sénégalaise. « Plus le contexte est difficile, plus le dialogue devient une nécessité. Refuser de dialoguer, c’est entretenir l’impasse », a-t-il insisté.
Revenant sur le climat politique tendu, l’ancien chef du gouvernement et leader du parti Nouvelle Responsabilité a dénoncé les atteintes aux libertés, notamment les arrestations d’opposants et les pressions sur les journalistes. Il a ainsi proposé un pacte national de pacification politique, fondé sur : la libération des détenus politiques, le respect des libertés publiques, et la garantie d’une justice impartiale.
Autant de conditions, selon lui, pour que l’opposition retrouve toute sa légitimité dans le débat public et les institutions.
« Il faut parler à l’âme de la Nation »
Au-delà des réformes électorales ou institutionnelles évoquées telles que l’indépendance renforcée de la CENA, la refonte du mode de scrutin ou encore la réforme de la Haute Cour de Justice, Amadou Ba a mis en garde contre toute marginalisation des voix critiques. Pour lui, « il faut que l’on se parle en toute sincérité », dans un esprit de confiance, de respect mutuel et d’écoute.
« L’adhésion de la grande majorité de la population est indispensable. Il faut parler à l’âme de la Nation, consolider le lien social, apaiser les tensions », a-t-il exhorté.
Une main tendue et un avertissement
Tout en tendant la main au pouvoir et en appelant à l’unité nationale autour des défis économiques et sociaux, Amadou Ba a prévenu que sans inclusion réelle de l’opposition et de la société civile, les promesses du dialogue resteront lettre morte. Il a également plaidé pour une conférence sociale nationale axée sur l’emploi, et une réforme profonde de la gestion budgétaire.
Reste à savoir si cet appel à « écouter l’opposition » sera entendu dans les actes à venir. Car pour Amadou Ba, « le Sénégal a besoin de nous tous. Majorité, opposition, société civile, forces vives. C’est ensemble que nous pouvons bâtir un avenir de stabilité, de progrès et de dignité. »