Homme fort du Nigeria à deux époques bien distinctes – d’abord comme dirigeant militaire (1983-1985), puis comme président élu (2015-2023) – Muhammadu Buhari laisse derrière lui un héritage contrasté, mêlant fermeté, patriotisme et controverses.
Né le 17 décembre 1942 à Daura, dans l’État de Katsina (Nord), Buhari est entré très tôt dans l’armée. Il se distingue lors de la guerre civile nigériane (1967-1970), avant d’accéder au pouvoir à la faveur d’un coup d’État militaire en 1983. Durant son premier passage à la tête du pays, il mène une gouvernance austère et autoritaire, marquée par la campagne controversée de « discipline nationale ».
Renversé en 1985, il revient sur le devant de la scène politique trente ans plus tard. Élu démocratiquement en 2015, puis réélu en 2019, il devient le premier opposant à battre un président sortant dans l’histoire du Nigeria. Son slogan « Change » avait suscité l’espoir d’un renouveau politique.
Son double mandat présidentiel est marqué par plusieurs défis majeurs : la lutte contre la corruption, les tensions communautaires, l’insécurité persistante avec Boko Haram et les groupes armés dans le Nord-Ouest, ainsi qu’une économie fragilisée par la chute des prix du pétrole et l’inflation.
Buhari reste cependant salué pour son intégrité personnelle et sa posture ferme contre la corruption, même si ses détracteurs l’accusent de partialité dans le choix de ses cibles. Sur le plan international, il a joué un rôle actif au sein de la CEDEAO, notamment dans la médiation des crises régionales.
Le président en exercice, Bola Ahmed Tinubu, a exprimé « sa profonde tristesse » et décrété sept jours de deuil national. Les drapeaux seront mis en berne et des funérailles d’État sont prévues dans son village natal de Daura.
De nombreuses figures africaines et internationales ont également salué la mémoire d’un « homme d’État dévoué à la souveraineté de son pays ».