Le rappeur et activiste Khalifa Ababacar Khoureychi Bâ, plus connu sous le nom de Khalifa Rappeur, a été placé en garde à vue ce jeudi par la Division spéciale de cybersécurité (DSC). Cette interpellation intervient dans un contexte national marqué par une série d’enquêtes judiciaires visant plusieurs figures de l’ancien régime.
L’artiste avait annoncé sa convocation dès la veille, sur ses réseaux sociaux, dans une publication où il exprimait sa détermination à « dénoncer tous ces criminels fonciers et financiers », en appelant à « une justice égale pour tous ». Selon les premières informations, c’est une série de publications controversées diffusées récemment sur ses comptes qui ont conduit à sa garde à vue. Il y accuse notamment le chanteur Wally Seck d’avoir quitté le Sénégal pour se réfugier aux États-Unis avec Amadou Sall, et l’implique dans de supposés détournements de fonds à grande échelle. Il écrivait notamment : « Si seulement vous étiez au courant de toutes les informations que nous détenons sur Wally Seck, vous allez le tuer au grand bonheur du Sénégal. »
Ces propos, jugés potentiellement diffamatoires et incitatifs à la violence, pourraient constituer des infractions au regard de la loi sénégalaise sur la cybercriminalité.
Mais au-delà du cas individuel de Khalifa Rappeur, son arrestation résonne avec l’atmosphère de reddition des comptes qui s’est installée depuis l’arrivée au pouvoir de la nouvelle administration. Plusieurs rapports d’audit récemment rendus publics ont mis en lumière des irrégularités dans la gestion des finances publiques sous l’ancien régime. La Cour des comptes et d’autres corps de contrôle de l’État ont épinglé de hauts responsables pour des pratiques de mauvaise gouvernance, détournements de fonds, et contrats douteux.
Dans ce contexte, de nombreuses voix de la société civile, ainsi que certains artistes et activistes, exigent que ces révélations soient suivies d’actions judiciaires concrètes. Khalifa Rappeur s’inscrit dans cette mouvance critique, souvent à la frontière entre militantisme et provocation.
L’affaire soulève une nouvelle fois la question de la liberté d’expression en ligne, dans un climat où les tensions entre autorités, société civile et sphère médiatique sont palpables. Les partisans du rappeur dénoncent une tentative de museler une voix dissidente, tandis que d’autres appellent à la prudence face à la diffusion d’accusations non étayées dans l’espace public.
Pour l’instant, les autorités n’ont pas encore précisé les chefs d’accusation retenus contre Khalifa Rappeur. L’enquête suit son cours.
RM.