Le spectre des mines antipersonnels continue de hanter la Casamance. Dans les villages de Katouré et Mpack, plus de 4000 hectares de terres sont aujourd’hui laissés à l’abandon, notamment des rizières autrefois productives, désormais rendues inaccessibles à cause de la menace explosive.
L’alerte a été lancée par le mouvement de la société civile Vision Citoyenne, qui dénonce l’ampleur du problème et les lenteurs dans le processus de déminage. L’organisation attire l’attention sur la situation dramatique des populations rurales privées de leurs moyens de subsistance.
« Ces terres nourrissaient des familles entières. Aujourd’hui, elles sont inutilisables. Il y a urgence à agir », a déclaré Madia Diop Sané, coordonnateur de Vision Citoyenne.
Cette interpellation survient alors que le Premier ministre a reçu hier jeudi, un important lot de matériel destiné aux opérations de déminage dans le sud du pays. Une avancée saluée par les acteurs locaux, mais jugée insuffisante si elle n’est pas accompagnée de mesures structurelles.
Vision Citoyenne s’inquiète également de la situation interne du Centre National d’Action Antimine de Ziguinchor, l’un des principaux organes chargés de la coordination du déminage dans la région. Selon Madia Diop Sané, une grave crise oppose actuellement la direction aux travailleurs du centre.« Les tensions sont vives, on parle de rapports complètement rompus. Cette brouille interne compromet sérieusement l’efficacité des opérations sur le terrain », alerte le coordonnateur de Vision Citoyenne.
A ce propose,l’organisation invite les autorités à intervenir rapidement pour restaurer le dialogue et assurer le bon fonctionnement du centre, indispensable pour libérer les terres contaminées et permettre le retour à une vie normale pour les populations concernées.
La problématique du déminage en Casamance est à la fois humanitaire, économique et sécuritaire. Plus de 30 ans après le début du conflit indépendantiste, les mines restent une menace mortelle pour les habitants et un frein à l’exploitation agricole.
Vision Citoyenne insiste sur la nécessité d’une volonté politique forte, d’un soutien logistique accru et d’un engagement coordonné des différents acteurs pour accélérer le processus de déminage et redonner espoir aux communautés rurales. En attendant le Sènègal obtient des matériels de déminage du Japon, c’est dans le cadre du plan Diomaye Casamance pour une somme de 15 milliards de francs cfa.