samedi, mai 24, 2025
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Amadou Bâ dans la tourmente judiciaire : 141 milliards FCFA de DAT non reversés au Trésor public

 

L’ancien Premier ministre et candidat malheureux à la présidentielle de 2024, Amadou Bâ, se retrouve au cœur d’une affaire financière aux ramifications potentiellement graves. Selon les révélations du quotidien L’Observateur, il est cité dans un rapport explosif de la Cour des comptes portant sur la gestion des finances publiques entre 2019 et mars 2024.

Le rapport met en lumière des irrégularités majeures dans la gestion des Dépôts à terme (DAT) de l’État, dont le montant global détourné ou mal utilisé s’élèverait à 141,087 milliards FCFA. Ces fonds, censés être bloqués dans des comptes bancaires pour générer des intérêts avant d’être reversés au Trésor public, auraient été « cassés » — c’est-à-dire retirés avant terme — sur instruction de hauts responsables, dont Amadou Bâ.

À l’époque des faits, ce dernier occupait les fonctions de ministre de l’Économie et des Finances. La Cour des comptes affirme qu’il aurait lui-même donné l’ordre de casser plusieurs de ces DAT, parfois pour régler des dépenses non prévues par les lois de finances. Une lettre datée du 30 juin 2016, signée par Amadou Bâ, est citée comme pièce à conviction. Elle concerne un DAT de 4,1 milliards FCFA, dont l’utilisation reste floue, la Banque régionale des marchés (BRM) ayant indiqué qu’il avait servi à rembourser un billet à ordre.

Un autre exemple concerne un protocole signé par Amadou Bâ en 2015, relatif à un règlement de dettes croisées entre l’État, la Sonatel et la BRM, impliquant un DAT de 6,5 milliards FCFA.

Le nom de Cheikh Tidiane Diop, ancien directeur général du Trésor et secrétaire général du ministère des Finances, est également cité. La Cour des comptes dénonce une série de virements opérés à des tiers sur instructions de ministres, en dehors de tout cadre légal. « En donnant à un établissement financier l’ordre d’utiliser les DAT d’un comptable public pour payer des dépenses non autorisées, [les responsables] ont irrégulièrement engagé l’État », souligne le rapport.

Le ministre de la Justice a d’ores et déjà été saisi, ouvrant la voie à une possible action judiciaire contre les personnalités impliquées. Dans un climat politique tendu et marqué par les exigences de transparence, cette affaire pourrait marquer un tournant dans la lutte contre la mauvaise gestion des deniers publics au Sénégal.

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