Le parquet financier frappe dans le tas. Trois arrestations ont été exécutées par la Division des investigations criminelles (Dic) alors que deux informations judiciaires ont été confiées aux juges des premier et troisième cabinet financiers.
L’affaire du marché d’armement de 45 milliards de Fcfa suivi d’un rapport de la Centif sur des opérations suspectes impliquant Boubacar Hima dit «Petit Boubé » connaît un rebondissement. Sur délégation judiciaire, la Division des investigations criminelles (Dic) a procédé aux arrestations de A. Loum, M. Seck et M. W. Sy. Après une discrète garde à vue de 48 heures, le trio a été présenté au Pool judiciaire ce jeudi. Auparavant, les enquêteurs avaient effectué une perquisition à l’immeuble « Océan » de Fann Résidence qui abrite la société de « Petit Boubé », en l’occurrence Technologie service international (Tsi). Le concierge interrogé sommairement a révélé que « Petit Boubé » avait quitté les lieux au lendemain de la Présidentielle de mars 2024. A. Loum, M. Seck, M. W. Sy et une autre personne formellement identifiée sont au cœur du rapport de la Centif qui soupçonne le versement de rétrocommissions après l’attribution du marché polémique de 45 milliards de Fcfa.
Selon le rapport de la Centif, en plus de celui de Lavie commercial brokers Suarl utilisée pour le marché de 45 milliards de Fcfa, « Petit Boubé » avait ouvert au Sénégal, dans une banque de la place, deux comptes au nom de ses sociétés Tsi et Eurocockpit. D’après toujours les renseignements financiers, Lavie et Eurocokpit avaient fait un virement de 3.090.000.000 Fcfa à Tsi. Ces fonds avaient été ensuite transférés par virement, par retraits et par transferts en devises vers l’étranger. Le 27 février 2023, des mises à disposition de 85 et 150 millions de Fcfa avaient été effectués au profit des nommés D. A. A Jacques et Alassane Loum permettant à ces derniers de retirer les sommes en espèces. Le lendemain, Loum a encore bénéficié d’une mise à disposition de fonds d’un montant de 185 millions de Fcfa retiré en espèces. Toutes ces opérations n’ont pas été justifiées, selon la Centif.
Mieux, suite au marché avec le ministre de l’Environnement, « Petit Boubé » avait retiré lui-même des chèques pour un montant global de 565.500.000 Fcfa. Ensuite, plusieurs transferts ont été émis vers l’étranger soit disant pour l’exécution du contrat classé « Secret défense ». Pour justifier ces opérations, Hima avait déclaré que les fonds seraient destinés au dédouanement des conteneurs pour le compte du ministère de l’Environnement. Vérification faite par la Centif, ces déclarations étaient fausses. Et curieusement, les opérations avaient été réalisées après que « Petit Boubé », qui prétendait « préfinancer » le marché d’armement, avait reçu une « avance » de 34 milliards de Fcfa.
Pour la Centif, ce jeu de cash, avec des retraits en espèces injustifiés et des virements à l’étranger, s’expliquerait par le paiement de pots-de-vin. D’ailleurs un mystérieux intermédiaire, localisé à Dubaï et qui serait l’employeur de M. Seck, est dans le viseur du parquet financier. D’ailleurs plusieurs retraits effectués du Sénégal ont été suivis de remises à Dubaï grâce au système Hawala.