Depuis plus de trois ans, les avocats commis d’office au Sénégal assurent la défense des accusés sans percevoir de rémunération. En cause : la suspension par l’État du financement de l’assistance judiciaire. Cette situation engendre démotivation et dysfonctionnements : retards, dossiers mal préparés et plaidoiries expédiées.
Certains avocats, comme Me Baba Diop, affirment avoir payé eux-mêmes leurs déplacements pour plaider, malgré le découragement. Pourtant, la commission d’office est un droit constitutionnel des accusés. Les arriérés dus par l’État s’élèveraient aujourd’hui entre 2 et 2,5 milliards FCFA.
Face au manque de volontaires, les juges d’instruction sollicitent parfois leurs relations personnelles pour obtenir la présence d’un avocat. L’Ordre des avocats a même puisé dans ses propres fonds, mais juge la situation intenable.
« L’assistance judiciaire est une obligation de l’État », rappelle Me Ousseynou Gaye, dénonçant le « désintérêt » des autorités. Me Adama Fall confirme qu’aucune dotation n’a été versée depuis trois ans, contraignant les avocats à poursuivre leur mission par « patriotisme ». Le bâtonnier, Me Aly Fall, aurait entrepris des démarches auprès du gouvernement, mais sans résultats concrets.
Selon L’Observateur du vendredi 12 septembre, les avocats avertissent que cette impasse pourrait provoquer un blocage de la justice. Ils appellent les nouvelles autorités à honorer leurs engagements et à replacer la justice au cœur des priorités, condition essentielle au respect de la démocratie et de la bonne gouvernance.