À compter du 1er août 2025, Brelotte Bâ deviendra officiellement le nouveau directeur général de la Société nationale des télécommunications (SONATEL), succédant à Sékou Dramé dont le mandat s’achève le 31 juillet. La décision, annoncée ce 24 juillet à l’issue d’une réunion du Conseil d’administration du groupe tenue à Paris, marque un retour aux sources pour cet ingénieur sénégalais, figure respectée dans le secteur des télécoms africains.
Âgé de 49 ans, originaire de Saint-Louis, Brelotte Bâ est diplômé de l’École Polytechnique de Paris et de l’École Nationale des Ponts et Chaussées. Entré à SONATEL en 2001 comme contrôleur de gestion, il a depuis construit un parcours riche et ascensionnel au sein du groupe Orange, occupant plusieurs postes de direction dans des filiales stratégiques en Afrique de l’Ouest : Orange Guinée, Orange Bissau, Orange Niger, puis Orange Mali. En 2021, ses performances lui valent d’être désigné « Meilleur Directeur Général » aux AfricaCom Awards, saluant notamment son action en matière de déploiement de la 4G, de transformation numérique et d’innovation technologique. Jusqu’à sa nomination, il occupait le poste de directeur général adjoint d’Orange Moyen-Orient et Afrique, avec sous sa responsabilité 18 filiales et plus de 160 millions de clients.
Son retour à SONATEL intervient dans un contexte particulier. Si son profil, alliant expertise technique, connaissance du terrain et leadership reconnu, fait l’unanimité, l’environnement dans lequel il évoluera est marqué par des tensions croissantes entre actionnaires. Depuis plusieurs années, le groupe Orange, qui détient un peu plus de 42 % du capital, cherche à accroître son influence stratégique au sein de l’entreprise. Une ambition mal perçue par les syndicats qui dénoncent une volonté de contrôle politique au détriment des intérêts nationaux. Le Sénégal, deuxième actionnaire avec 27 %, est régulièrement interpellé par les représentants du personnel, inquiets des blocages supposés dans les projets d’expansion de SONATEL vers des marchés comme le Nigeria.
Mouhamadou Lamine Badji, coordinateur de l’intersyndicale, affirme qu’Orange « freine systématiquement le développement de SONATEL », appelant l’État à « reprendre la main pour préserver l’équilibre du partenariat ». Un message relayé par les autorités : lors d’une rencontre avec les syndicats le 21 juillet, le Premier ministre Ousmane Sonko a réaffirmé que « la sauvegarde des intérêts stratégiques du Sénégal » au sein de SONATEL était une priorité nationale, en lien direct avec la souveraineté économique.
Le nouveau patron pourra néanmoins s’appuyer sur la confiance renouvelée du Conseil d’administration qui, dans son communiqué, salue « un homme d’expérience, capable de maintenir le leadership régional de SONATEL et d’en faire un acteur central de la transformation digitale en Afrique ». Rigueur, discrétion et vision à long terme seront autant d’atouts pour Brelotte Bâ, appelé à faire le lien entre ambitions locales et logiques internationales, dans une entreprise au cœur des enjeux numériques du continent. Es