Des dizaines d’habitants de la commune de Mbane, arborant des brassards rouges et brandissant des pancartes hostiles, se sont rassemblés hier près du village de Mourseyni pour dénoncer un projet d’extension foncière jugé menaçant pour leurs terres et leur mode de vie.
Au cœur de la colère : une décision récente du conseil municipal de Mbane, qui a validé l’attribution de 1 026 hectares à la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS) dans le cadre de son expansion agricole. Si l’initiative est saluée par certains pour son potentiel économique, elle suscite une opposition farouche de plusieurs habitants, qui dénoncent une « prédation foncière » et une absence de concertation avec les communautés locales.
« Nous sommes victimes d’une agression foncière. Le conseil municipal a injustement dilapidé les terres de notre commune », a déclaré Adama Fall, membre du mouvement citoyen Arr Sougnou Souf. Il appelle le Chef de l’État à diligenter un audit indépendant sur la gestion foncière dans la zone, qu’il juge opaque et contraire aux intérêts des populations locales.
De son côté, Awa Yombé, intervenant au nom des femmes de Mbane, a mis en garde contre les conséquences économiques et sociales d’un tel projet. « Cette décision risque de compromettre l’équilibre de nombreux villages, où l’agriculture et l’élevage constituent l’unique source de revenus », a-t-elle souligné.
Le rassemblement s’est déroulé dans le calme, sous la surveillance des forces de l’ordre. Mais le message des manifestants est clair : ils réclament une révision immédiate de la décision municipale, davantage de transparence, et un dialogue ouvert avec les populations concernées.
Ce conflit foncier met en lumière les tensions croissantes entre impératifs de développement économique et protection des droits des communautés rurales, dans une région où les terres demeurent au cœur des enjeux sociaux et politiques.
