L’ambiance à l’Assemblée nationale vire au pugilat verbal entre deux membres de la majorité parlementaire. Le député Guy Marius Sagna, membre du groupe PASTEF, a publié une longue déclaration sur sa page Facebook dans laquelle il dresse un bilan offensif et critique de ses six premiers mois à l’hémicycle. En filigrane, une attaque frontale contre les pratiques internes de l’Assemblée… et probablement contre certains collègues de la majorité.
« Du 2 décembre 2024 au 2 juin 2025, soit six mois, j’ai pris 267 initiatives parlementaires. […] Ce mandat, je le dédie au confort du peuple, pas au confort personnel ou aux commodités politiques », écrit-il, dans un ton tranchant.
Le ton monte très vite lorsqu’il dénonce ce qu’il qualifie de dérives et de « pratiques d’un autre âge » : distribution de billets pour le pèlerinage, de « Sukëru koor » (sucre du ramadan), d’argent sans justificatifs, ou encore l’achat de voitures de luxe pour les députés. Pour lui, ces pratiques n’ont rien à voir avec l’éthique révolutionnaire prônée par PASTEF, encore moins avec la pauvreté du peuple sénégalais.
« Ce qui est valable pour le gouvernement du Sénégal l’est davantage pour l’Assemblée nationale du Sénégal », martèle-t-il, en rappelant avoir interpellé le gouvernement sur la nécessité d’« interdire ou encadrer » l’achat de véhicules qui détonnent avec la misère ambiante.
Mais son inventaire salé ne s’est pas arrêté là. Il cite également des exemples d’impact concret de ses initiatives : questions sur les salaires impayés, dénonciation de détournements, obtention d’une ambulance pour Gassane, ou encore éclairage sur des affaires troubles à la Chambre de commerce de Ziguinchor. Une manière de prouver que son mandat est orienté vers l’action et la reddition des comptes.
Ismaïla Diallo riposte : « Il a son propre agenda »
Face à cette sortie au vitriol, Ismaïla Diallo, premier vice-président de l’Assemblée nationale, n’a pas tardé à réagir. Lapidaire, il n’a pas mâché ses mots. « Guy Marius Sagna a son propre agenda et ce n’est pas un secret. Et rien ne me surprend de lui. Nous avons vécu ensemble la 14e législature », a-t-il lancé, sur le réseau social Facebook, dans ce qui s’apparente à une tentative de délégitimer politiquement l’activisme parlementaire de son collègue…