Le secrétaire général du parti Ànd-Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ/PADS), Mamadou Diop Decroix, a vivement critiqué le projet de mise en place d’un statut officiel de chef de l’opposition, évoqué dans le cadre du Dialogue national. Dans une note transmise à la presse , l’ancien ministre dénonce un concept importé, déconnecté des réalités politiques et sociales sénégalaises.
« Ce statut est un produit d’importation, hérité de la Françafrique post-La Baule, et n’a jamais répondu à un besoin endogène du pays », affirme Mamadou Diop Decroix. Selon lui, l’idée serait née d’un désir de gestion pacifique des rivalités politiques, non pas par conviction démocratique, mais pour organiser un certain partage du pouvoir entre élites politiques.
L’ancien député rappelle que les initiatives précédentes, sous les présidences d’Abdoulaye Wade et de Macky Sall, se sont toutes heurtées à des désaccords profonds sur les critères de désignation du chef de l’opposition. Faute de consensus sur la base parlementaire ou présidentielle, ces tentatives n’ont jamais abouti.
Pour Decroix, le débat autour de cette question n’est ni prioritaire ni pertinent. « L’opposition n’a jamais réclamé un chef en son sein. Ce sont les régimes en place qui ont soulevé la question, sans jamais aller jusqu’à sa concrétisation. On peut donc s’interroger sur son utilité réelle aujourd’hui », estime-t-il.
Plutôt que de s’attarder sur ce statut, le leader d’Ànd-Jëf/Pa plaide pour une réflexion plus profonde sur le rôle des partis politiques dans le contexte sénégalais. Il appelle à une redéfinition claire de leurs missions, assortie de mécanismes de contrôle stricts, notamment si ces partis doivent bénéficier de financements publics.
« Les partis doivent être utiles au pays et à la société. Il est parfaitement possible qu’ils le soient davantage dans notre contexte de construction nationale sur les plans économique, social et culturel », conclut-il.
Cette prise de position relance le débat sur la réforme du système politique sénégalais, au moment où le Dialogue national cherche à établir de nouveaux repères pour une gouvernance apaisée et durable.