Du Sénégal au Nigéria, en passant par les États-Unis, l’œuvre explore les racines ouest-africaines du jazz, nourries par les traditions musicales des peuples africains déportés vers les Amériques. Dr Ibrahima Seck, historien et directeur de recherches à la Whitney Plantation en Louisiane, rappelle que les esclaves emmenés en Louisiane venaient de régions comme la Sénégambie, le golfe du Bénin, le golfe de Biafra, l’Afrique centrale et même de la côte Est africaine.
À Congo Square, lieu emblématique de La Nouvelle-Orléans, ces communautés africaines se retrouvaient chaque dimanche pour chanter, danser et jouer de la musique, perpétuant ainsi leur culture d’origine. C’est dans ce brassage culturel entre traditions africaines, influences européennes (fanfares, danses, marches) et le contexte américain que le jazz a vu le jour.
« Les Africains ont créé le jazz. Ils l’ont façonné, tout en recevant des apports des Français, des Allemands, des Italiens ou encore des Irlandais », affirme Dr Seck.
Papa Samba, enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger, a pour sa part évoqué la piste du Libéria, peu explorée mais essentielle dans la compréhension du retour du jazz en Afrique de l’Ouest.
« Le jazz est né sur la terre américaine, dans un laboratoire culturel unique : la Nouvelle-Orléans. Ce que les esclaves africains ont emporté n’était pas encore du jazz, mais c’est à partir de là que tout a commencé », précise-t-il.
Pour Alune Wade, ce documentaire est une quête d’identité et de sens :
« J’ai compris que le jazz est plus qu’une musique. C’est un concept, un mouvement, un témoin de l’histoire. »
À travers « Tukki, des racines au Bayou », l’artiste propose une lecture vibrante et engagée du jazz comme héritage transatlantique, comme mémoire vivante, et surtout comme langage universel de résistance et de liberté.