À peine signé, déjà contesté. Le Pacte national de stabilité sociale et d’émergence économique, conclu ce jeudi entre le gouvernement, le patronat et les centrales syndicales, connaît ses premières secousses. Le Syndicat unique des travailleurs de la justice (SYTJUST) ne cache pas son scepticisme. Pire, il entrevoit déjà la fin prématurée de ce qui devait marquer un tournant décisif dans les relations sociales au Sénégal.
Pour Maître El Hadji Ayé Boun Malick Diop, secrétaire général du SYTJUST, l’entente scellée ne repose sur aucune garantie concrète. « Ce pacte, en l’état, n’offre pas de mécanismes crédibles de mise en œuvre ni de clauses contraignantes pour les parties signataires », a-t-il déclaré. Selon lui, il s’agit davantage d’un engagement symbolique que d’un véritable contrat social.
Le syndicat déplore également son exclusion des discussions ayant mené à la signature du pacte. « Les travailleurs de la justice, pourtant au cœur de l’appareil étatique, n’ont été ni consultés ni impliqués. Cela remet en cause la représentativité et la légitimité du document signé », affirme Maître Diop. Pour le SYTJUST, cette marginalisation fragilise l’adhésion au pacte et trahit l’esprit de dialogue social inclusif que le gouvernement prétend promouvoir.
La défiance exprimée par le SYTJUST s’inscrit dans un contexte de tensions latentes entre certains syndicats et les autorités. Malgré les promesses de stabilité et de paix sociale, de nombreuses revendications sectorielles restent non satisfaites. Le syndicat des travailleurs de la justice rappelle, à cet égard, les engagements non tenus sur la revalorisation des statuts des agents de la justice, ou encore sur les indemnités spécifiques à leur corps .
Face à cette série de critiques, le secrétaire général du SYTJUST se montre pessimiste. « Sans révision du contenu et sans participation effective de toutes les forces syndicales, ce pacte est condamné à échouer. C’est un accord mort-né », tranche-t-il.
En attendant une éventuelle réponse du gouvernement à ces accusations, le climat social semble loin de l’accalmie promise par le pacte fraîchement signé.