Invité d’honneur du Crans Montana Forum, l’ancien président sénégalais Macky Sall a livré un plaidoyer fort en faveur d’une coopération internationale accrue pour garantir la sécurité et la sûreté maritimes. Dans un contexte mondial marqué par les tensions géopolitiques et les menaces transfrontalières, il a souligné l’importance stratégique des mers et des ports dans le développement économique et la stabilité des nations.
Dès l’ouverture de son intervention, Macky Sall a salué les liens d’amitié historiques entre le Sénégal et le Maroc, ainsi que l’engagement de Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans le renforcement des relations bilatérales. Il a également exprimé son admiration pour le port de Tanger Med, visité en 2019, présenté comme un modèle d’intégration logistique et de compétitivité portuaire en Afrique.
Face aux menaces croissantes sur les routes maritimes — piraterie, trafics illicites, rivalités géostratégiques ou encore conflits armés, l’ancien chef de l’État sénégalais a mis en garde contre les conséquences économiques, sécuritaires et environnementales de l’insécurité maritime. « Les navires sont contraints à de longs détours, entraînant des surcoûts, des retards, et une hausse des émissions de carbone », a-t-il rappelé, insistant sur l’impact direct sur le commerce mondial et le pouvoir d’achat des populations.
Rappelant que plus de 80 % des échanges commerciaux mondiaux passent par la mer, Macky Sall a appelé à une approche globale : « sécuriser les façades maritimes, protéger les ressources, les infrastructures critiques et garantir la liberté de navigation ». Il a plaidé pour une mutualisation des moyens, un partage d’informations, et une meilleure coordination des forces navales et portuaires.
Dans son discours, il n’a pas manqué de souligner le rôle humain et social des ports, ces « lieux d’humanité et de chemins croisés », où se côtoient chaque jour des milliers d’acteurs venus du monde entier. Dockers, marins, logisticiens ou commerçants y forment, selon lui, une véritable chaîne humaine au service du commerce mondial.
Par ailleurs, Macky Sall a également salué l’adoption de la Charte africaine sur la sécurité et la sûreté maritimes, lors du sommet de l’Union africaine à Lomé en 2016. Ce texte, selon lui, « consacre l’engagement des pays africains à faire de leurs zones maritimes des espaces de paix et de développement durable ». Il a invité le Maroc, reconnu pour son leadership dans le domaine, à participer activement à la vulgarisation de cette charte aux côtés de la Commission de l’Union africaine.
L’ancien président aussi insisté sur la prise en compte des pays sans littoral, souvent oubliés des politiques maritimes. En s’appuyant sur la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, il a défendu leur droit à un accès libre, sécurisé et équitable aux corridors maritimes, condition essentielle à leur inclusion économique.
En definitif, Macky Sall a exprimé sa conviction que l’avenir commercial de l’Afrique passera par la mer. « Ce sont les ports modernes, sécurisés et interconnectés qui feront de nos pays des maillons incontournables de la logistique mondiale », a-t-il déclaré, en encourageant les participants à poursuivre leurs efforts et à mettre leur expertise au service d’une Afrique mieux intégrée au commerce mondial.