Le Gabon vient de franchir un tournant politique majeur. Un peu plus d’un an après le coup d’État ayant renversé le président Ali Bongo Ondimba, les électeurs gabonais ont été appelés aux urnes ce samedi 12 avril pour élire leur nouveau chef d’État. Les résultats provisoires, annoncés ce dimanche par le ministère de l’Intérieur, donnent une victoire écrasante au général Brice Clotaire Oligui Nguema, qui remporte le scrutin avec 90,35 % des voix.
Cette large victoire survient à l’issue d’un processus électoral organisé dans un contexte post-transition, marqué par la promesse de retour à l’ordre constitutionnel après plus de 50 ans de règne de la famille Bongo. Porté au pouvoir par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) après le coup d’État d’août 2023, Oligui Nguema s’est présenté comme le candidat du renouveau.
Son principal adversaire, Alain-Claude Bilie By Nze, ancien Premier ministre sous Ali Bongo, n’a recueilli que 3,02 % des suffrages. Les six autres candidats engagés dans la course n’ont pas dépassé la barre de 1 %, selon les chiffres communiqués par les autorités électorales.
Le taux de participation, évalué à 70,4 %, est jugé élevé comparé aux scrutins précédents, marquant une forte mobilisation citoyenne dans un pays en quête de stabilité démocratique. Toutefois, certains observateurs internationaux et organisations locales ont émis des réserves sur la transparence du scrutin, notamment dans certaines régions comme le Haut-Ogooué, bastion historique du clan Bongo, où le taux de participation a atteint des niveaux exceptionnellement élevés.
Malgré ces préoccupations, la victoire de Brice Oligui Nguema est perçue par une grande partie de la population comme un signal de continuité de la transition entamée en 2023, mais aussi comme le début d’un mandat civil. Le nouveau président élu a promis, durant sa campagne, de « réconcilier le pays, renforcer les institutions et relancer l’économie nationale à travers des réformes profondes ».
Les résultats doivent encore être validés par la Cour constitutionnelle, qui dispose de plusieurs jours pour examiner d’éventuels recours. En attendant, des scènes de célébration ont été observées à Libreville et dans d’autres grandes villes du pays.
Cette élection de 2025 marque une étape déterminante pour le Gabon. Le scrutin, bien qu’encore sous surveillance, pourrait inaugurer une nouvelle ère politique après des décennies de pouvoir héréditaire. Reste à voir si les engagements pris par Brice Oligui Nguema se traduiront par des actes concrets dans un pays aux attentes sociales, économiques et politiques considérables.
Rosita Mendy
