La ville de Pikine a été ce vendredi le théâtre d’une cérémonie funèbre empreinte d’émotion et de solennité. Famille, proches, autorités et anonymes s’y sont retrouvés pour accompagner à sa dernière demeure Mamadou Badio Camara, ancien président du Conseil constitutionnel, décédé en début de semaine. Magistrat chevronné et figure respectée de la justice sénégalaise, il laisse derrière lui une empreinte indélébile dans l’histoire institutionnelle du pays.
Dès les premières heures de la matinée, une foule nombreuse s’est massée à la mosquée de la Divinité, où la prière mortuaire a été célébrée dans un profond recueillement. La procession funéraire s’est ensuite dirigée vers le cimetière de Pikine , où Mamadou Badio Camara a été inhumé. L’atmosphère, lourde de tristesse, témoignait de l’estime que le pays portait à cet homme qui a consacré sa vie au service de l’État.
Les hommages se sont multipliés tout au long de la journée. Le président de la république, Bassirou Diomaye Faye, a salué la mémoire de celui qui a exercé les fonctions de secrétaire général de la Cour de cassation, de président de chambre, de secrétaire général, de procureur général et de premier président de la Cour suprême. Le qualifiant de « modèle de probité et de rigueur ». « Pour ma part, résonnent encore dans mes pensées les fortes recommandations que vous m’avez adressées, notamment sur les difficultés inhérentes à l’exercice du pouvoir, lors de la cérémonie de prestation de serment du président de la République », a témoigné le chef de l’État, présent aux côtés du ministre de la Justice, du président de l’Assemblée nationale et d’autres personnalités, comme l’ancien président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse.
Le chef de l’Etat a rappelé par ailleurs, le rôle central joué par Mamadou Badio Camara dans le renforcement de l’indépendance de la justice sénégalaise et sa contribution décisive au respect de la Constitution. Dans le même esprit, le ministre de la Justice a décrit le défunt comme « une boussole pour la magistrature », soulignant son attachement profond aux principes de l’État de droit et sa capacité à allier fermeté et sagesse.
La disparition de Mamadou Badio Camara a suscité une vague d’émotion dans tout le pays, mais plus particulièrement à Thiès, sa ville natale, où il restait une figure familière et profondément respectée. De nombreux citoyens, simples anonymes ou anciens collaborateurs, ont tenu à exprimer leur reconnaissance. « Il représentait l’intégrité dans toute sa dimension. Il nous a montré qu’on pouvait servir l’État avec honneur et dignité », confie un habitant de Thiès, les yeux embués.
Magistrat de formation, Camara a entamé sa carrière dans les années 1980, grimpant progressivement les échelons de la magistrature sénégalaise. Son passage à la Cour suprême, puis au Conseil constitutionnel, a été marqué par des décisions majeures qui ont contribué à renforcer la crédibilité des institutions judiciaires du pays. Son travail a toujours été guidé par une exigence de justice, un sens élevé de la responsabilité et une fidélité sans faille à la République.
Avec la disparition de Mamadou Badio Camara, le Sénégal perd l’un de ses plus grands serviteurs. Mais son œuvre et son éthique continueront de guider les générations futures. À travers ce dernier hommage, la nation tout entière s’est inclinée devant une vie exemplaire, faite de droiture, d’engagement et de dévouement au bien commun.
Rosita Mendy