La gestion des finances publiques est un enjeu crucial pour garantir une croissance économique durable et la confiance des citoyens dans les institutions. Récemment, la Cour des Comptes a entrepris un travail minutieux pour reconstituer le déficit budgétaire du Gouvernement, mettant en lumière des éléments financiers souvent ignorés ou mal documentés. Cette reconstitution, bien que détaillée, révèle des écarts importants avec les chiffres officiels présentés par le Gouvernement.(voir documents)
Dans son travail, la Cour des Comptes a pris en compte plusieurs facteurs essentiels pour calculer un déficit plus réaliste et plus proche de la réalité économique. Parmi ces facteurs, on retrouve :
- Les dépenses financées par des ressources extérieures : La Cour a intégré le montant réel de ces dépenses dans son calcul, contrairement à une présentation plus optimiste par le Gouvernement.
- Les rattachements irréguliers des recettes : Certains revenus ont été enregistrés de manière irrégulière, ce qui peut gonfler artificiellement les recettes de l’État et créer des déséquilibres dans les comptes publics.
- Les décaissements extrabudgétaires : Ceux financés par le surfinancement ou par l’émission de sukuk ont été inclus dans le calcul, mais n’ont pas toujours été bien expliqués dans les documents officiels.
- Les dépenses financées par la dette bancaire hors cadrage : Une partie de la dette contractée auprès du système bancaire, sans autorisation parlementaire, a également été comptabilisée. Ce financement, souvent opaque, alourdit considérablement le déficit.
- L’avance de trésorerie non régularisée : Une avance de 204,58 milliards de F CFA, non régularisée, a été intégrée, soulignant des lacunes dans la gestion de la trésorerie publique.
La Cour a fait preuve d’une grande rigueur et d’une prudence exemplaire dans son analyse. Par exemple, les décaissements notés dans les relevés bancaires, dont les libellés ou la nature ne sont pas clairement définis, ont été exclus du calcul du déficit. Cette approche prudente vise à éviter toute surestimation ou mauvaise interprétation des finances publiques.
Le déficit budgétaire, tel qu’il est reconstitué par la Cour, montre un écart par rapport à celui officiellement présenté par le Gouvernement. Ces différences soulignent l’importance d’une gestion transparente et rigoureuse des finances publiques. L’absence de régularisation de certaines dépenses, les emprunts sans autorisation et les pratiques de rattachement irréguliers sont autant de signes de gestion budgétaire opaque qui peuvent nuire à la confiance des citoyens et des investisseurs.
Il est essentiel que les autorités prennent conscience de ces dérives et mettent en place des mécanismes de contrôle plus stricts afin de garantir une gestion saine et transparente des finances publiques. Cela inclut non seulement une régularisation rapide des dépenses extrabudgétaires et des avances de trésorerie, mais aussi une meilleure communication sur l’usage des ressources et des emprunts.
La reconstitution du déficit budgétaire par la Cour des Comptes rappelle l’importance de maintenir un cadre financier rigoureux et transparent. L’intégration des dépenses non conventionnelles et la prise en compte de toutes les sources de financement permettent d’obtenir une vision plus fidèle de la situation budgétaire de l’État. Pour assurer une croissance économique stable et soutenir la confiance des citoyens, il est crucial que le Gouvernement prenne en compte ces recommandations et améliore la gestion de ses finances publiques.