Né en 1923 à Thiès, Cheikh Anta Diop s’impose très tôt comme un esprit brillant. En France, où il poursuit ses études, il bouscule les dogmes en démontrant l’origine africaine de l’Égypte antique dans son ouvrage majeur Nations nègres et culture. Ses thèses, fondées sur des recherches multidisciplinaires, sont d’abord contestées, mais finissent par s’imposer comme des références incontournables dans les études afrocentriques.
Cependant, son engagement politique pour un Sénégal souverain et affranchi des influences néocoloniales lui vaut l’hostilité du pouvoir en place. Sous Léopold Sédar Senghor, il est écarté des institutions académiques nationales et voit ses ambitions politiques entravées. Ce rejet officiel ne l’empêche pas de poursuivre son combat intellectuel et politique, créant même un parti, le Rassemblement National Démocratique (RND), pour défendre ses idéaux.
Aujourd’hui, Cheikh Anta Diop est célébré au Sénégal, mais avec une certaine retenue. Son nom figure sur la plus prestigieuse université du pays, et ses travaux sont reconnus à l’international. Pourtant, l’enseignement de sa pensée reste marginal dans les programmes scolaires, et ses idées ne sont pas suffisamment mises en avant dans les politiques de développement du continent.
Alors que le monde redécouvre l’importance d’une narration africaine décolonisée, il est essentiel de revisiter les travaux de Cheikh Anta Diop avec un regard neuf. Son plaidoyer pour une Afrique unie, développée sur la base de ses propres références culturelles et scientifiques, est plus pertinent que jamais.
Loin d’être un simple historien, Cheikh Anta Diop était un visionnaire. Ses recherches sur les civilisations africaines anciennes et son appel à la réappropriation des sciences et technologies par l’Afrique tracent encore aujourd’hui une voie pour l’émancipation du continent.
Il est temps que le Sénégal, et l’Afrique en général, lui rendent un hommage à la hauteur de son génie. Non pas à travers des cérémonies symboliques, mais en intégrant véritablement sa pensée dans les stratégies de développement, dans l’éducation et dans la formation des nouvelles générations. Car un peuple qui ne reconnaît pas ses propres lumières est condamné à errer dans l’obscurité.
Cheikh Anta Diop, bien que disparu en 1986, reste plus que jamais un guide. Son œuvre est une boussole pour une Afrique en quête de sa véritable souveraineté.
Dalu Ndakaaru
Cet article s’inscrit dans la mission de Sersy Group de promouvoir les grandes figures africaines et de contribuer au réveil intellectuel du continent. Rejoignez-nous dans cette quête de vérité et d’émancipation.
