Depuis le 24 septembre 2024, Madiambal Diagne et sa famille se retrouvent dans une situation particulièrement difficile. Son épouse, Mame Bineta Diaby, ses deux fils Mohamed et Saliou Diagne, ainsi que le marabout Serigne Mor Mbaye ont été incarcérés par le juge du premier cabinet du Pôle judiciaire financier, tandis que le journaliste, lui, reste en France. L’ombre de la justice plane sur l’ensemble du clan familial, tous suspectés de complicité dans un vaste système d’escroquerie sur des deniers publics, indique Yoor Yoor Bi.

Pendant ce temps, Madiambal Diagne a mandaté le cabinet d’avocats français William Bourdon & Associés, ainsi que plusieurs avocats sénégalais — Mes El Amadou Sall, Baboucar Cissé, Dios Diagne, Ramatoulaye Ba, Papa Sène, Arona Bass, Ousmane Thiam et Demba Ciré Bathily — pour défendre sa personne et celle de sa famille. L’enjeu est colossal : le procureur de la République financier demande la saisie conservatoire de l’ensemble du patrimoine identifié, tant personnel que sociétaire, ainsi que des comptes bancaires et autres avoirs financiers.

Le réquisitoire introductif du procureur met en lumière un système complexe d’escroquerie et de blanchiment de capitaux. Selon le procureur, Madiambal Diagne, son fils Mohamed, Alex Alizé, Olivier Picard et Arnaud Cudel sont inculpés pour des faits d’escroquerie portant sur 12 milliards de FCFA de deniers publics. Les sociétés concernées, Ellipse Projects et SCI Pharaon, sont au cœur de cette affaire. Toutes les institutions financières, le Cadastre, la Direction des transports et l’administration des greffes du Tribunal de commerce hors classe de Dakar ont été saisies pour inventorier les biens mobiliers, immobiliers et comptes bancaires des inculpés, rapporte Yoor Yoor Bi.

Le rapport de la CENTIF a révélé les failles béantes d’un montage financier orchestré pour détourner des fonds publics à grande échelle. Madiambal Diagne, journaliste devenu homme d’affaires, a mis en place un réseau sophistiqué via Ellipse Projects pour capter l’arché du Programme de Modernisation et de Construction d’Infrastructures de Justice (PMCIJ). Ce programme devait permettre la construction de 69 bâtiments judiciaires et d’un hôpital à Ourossogui, pour un montant total de 250 milliards FCFA.

Avant même la signature officielle du contrat principal avec l’État, la SCI Pharaon, société familiale détenue par Madiambal Diagne, son épouse et leurs enfants, a obtenu un marché de sous-traitance du programme PMCIJ d’un montant de 20,33 milliards FCFA. Or, cette société n’avait aucune compétence technique en BTP ni expérience en gestion de projets publics. Entre avril 2021 et juin 2022, elle a encaissé plus de 12 milliards FCFA, dont plus de 4 milliards en doublon, sans aucune justification contractuelle. L’épouse du patron de presse, Mame Bineta Diaby, aurait encaissé à elle seule sept chèques totalisant 1 176 500 000 FCFA, tandis que des partenaires d’Ellipse Projects, comme Alex Alizé, Olivier Picard et Arnaud Cudel, ont sciemment signé la convention de sous-traitance avant la signature du contrat principal, validant ainsi le montage frauduleux, précise Yoor Yoor Bi.

Le rapport de la CENTIF et les révélations du journaliste Yakham Mbaye ont détaillé un patrimoine immobilier impressionnant : Niaga Peulh et Bambilor : plusieurs hectares détenus par la famille ; Toubab Dialaw : 3 hectares ; Ouakam : quatre terrains totalisant 1 546 m² ; Almadies : 600 m² au nom de son épouse ; Grand-Dakar : un terrain de 612 m². À ces biens s’ajoute la construction controversée de l’immeuble aux Mamelles, stoppée par la DSCOS, ainsi que d’autres propriétés disséminées à travers Dakar. Tous ces biens seront saisis à titre conservatoire, en attendant le retour du journaliste en France. La saisie des biens et comptes bancaires impacte directement la famille de Madiambal Diagne. Ses enfants et son épouse se retrouvent en prison, tandis que les biens de la famille sont gelés. Les partenaires financiers et commerciaux de Madiambal Diagne, notamment les sociétés Ellipse Projects et SCI Pharaon, sont également sous surveillance judiciaire, indique Yoor Yoor Bi.

Pour donner une apparence légitime à cette escroquerie, la SCI Pharaon a médiatisé certains projets d’envergure, notamment la levée d’une ligne de crédit de 5 milliards FCFA pour construire une tour aux Mamelles, obstruant la vue sur le Monument de la Renaissance, tout en donnant l’illusion d’un projet sérieux. La dimension économique de cette affaire est majeure puisqu’elle touche non seulement le patrimoine familial, mais également les flux financiers liés à des contrats publics stratégiques.

Face aux accusations, Madiambal Diagne a réagi dans une lettre virulente, accusant des motivations politiques : « Ousmane Sonko, qui depuis longtemps a tout tenté pour avoir ma peau, a réussi à placer des hommes et femmes prêts à satisfaire son désir de m’effacer. C’est le prétexte d’un dossier judiciaire fallacieux qui leur a permis de traquer ma personne et de prendre en otage mon épouse, mes enfants et un ami proche ». Cette défense met en lumière la dimension médiatique et politique de l’affaire, où le patron de presse tente de se présenter comme victime d’une machination orchestrée par ses détracteurs.

Sous le magistère de Macky Sall, Madiambal Diagne s’est enrichi de manière spectaculaire. Il a su tirer profit de sa proximité avec l’ancien Président, note Yoor Yoor Bi.